Alains

 
 

Les Alains1 (en latin : Alani2 ; en grec ancien : Ἀλανοί3 / Alanoi) sont un peuple « scythique »4, mentionné à partir du ier siècle dans

 les steppes au nord duCaucase qui a participé aux Grandes Invasions.

L’Ossétie ou Alanie en est l’avatar actuel : les Ossètes d’aujourd’hui, qui vivent de part et d’autre de la passe de Darial ou Dar-i-Alan,

 la « passe des Alains », se présentent comme les descendants directs des Alains, qui étaient des cavaliers nomades apparentés

 aux Sarmates et très proches des Iazyges et des Roxolans.

 

 

Tableau chronologique synoptique[modifier | modifier le code]


 

Ossétie du Sud Digor (langue) Ossète Ossétie du Nord Mongols Iasses Khazars Royaume vandale d'Afrique Iazyges Roxolans Huns Caucase Précaucase Danube Gaule Afrique (province romaine)

Antiquité[modifier | modifier le code]

 

Le périple des Alains dans le contexte des Grandes migrations en Europe, annonçant le Haut Moyen Âge, est un des trajets les plus étendus : en rouge, figurent les migrations ; en orange, les expéditions militaires ; et, en jaune, les tentatives de sédentarisation.

Origine[modifier | modifier le code]

Le mot « Alains » apparaît, semble-t-il, pour la première fois dans une pièce de Sénèque, Thyeste, probablement écrite entre 41 et 48. Sénèque se borne à mentionner au passage les « féroces Alains »5. À peu près à la même période, une source historique chinoise, le Livre des Han postérieurs, signale qu'un royaume appelé Yancai a pris le nom de Alanliao6.

La première mention de leurs raids est due à l’historien juif duier siècle de l'antiquité romaine, Flavius Josèphe, qui signale que« les Alains sont une tribu de Scythes, habitant sur les bords du Tanaïs et du marais de la Méotide… »7, c’est-à-dire entre le Donet la mer d'Azov. Il rapporte ensuite qu'ils lancèrent un raid en Transcaucasie, ravageant les territoires de Pacorus, roi de Médie Atropatène puis en Arménie, dont le roi Tiridate faillit être capturé.

À cette époque, les Alains apparaissent aux abords de l'Iran, où leurs incursions sont l’une des causes de la chute des Parthes. Les Sassanides qui leur succèdent établissent en 226 un empire durable, refoulant les Alains aux confins du Don, de l’Oural et du Caucase, où ils fondent alors un semblant de royaume éphémère.

En 375, date du début des « Grandes invasions », une partie d’entre eux prend la fuite devant les Huns de Balamber et se retrouve en Germanie.

En Gaule[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Passage du Rhin (406).

Durant la nuit de la Saint-Sylvestre 406/07, les Alains de Germanie franchissent le Rhin, peut-être gelé, près de Mayence, accompagnés principalement deQuades (ces derniers sont pendant longtemps confondus à tort avec les Suèves en raison d’une mauvaise traduction de « Souabes »), et des VandalesHasdings et Sillings, conduits par deux rois différents.

Selon Grégoire de Tours8, des Alains alliés aux Vandales et aux Quades et emmenés par leur chef Respendial (un autre de leurs chefs nommé Goar9 étant passé dans le camp romain), participent à l’écrasement des auxiliaires francs conduits par le duc de Mayence. Les Alains sauvent également les Vandales, qui viennent de perdre leur roi Godigisel, d’un énorme massacre ; aux côtés des autres envahisseurs germaniques, ils dévastent la Gaule romaine de 407 à 409 :Worms, Mayence, Strasbourg, Tournai, Arras, Amiens, Reims tombent et sont mis à sac. Paris, Orléans, Tours sont menacés.

Puis, ils franchissent la Loire en 408 (incendiant au passage le fort gallo-romain de Meung-sur-Loire). Cependant, contrairement à leurs compagnons d’armes, les Alains se divisent en plusieurs bandes armées, en plusieurs clans, plusieurs historiens établissant un nombre d’environ 3 000 individus par clan.

En 411, à la suite du schisme du christianisme jovinien, vient l'intronisation de Jovin à Mayence comme empereur. Goar, chef alain et Gunther, chef burgonde, assurent la protection de Jovin et de son frère Sébastien contre Honorius empereur délégitimé par Constantin III quelques années auparavant, dont le pouvoir a été repris par Jovin. Honorius ne reconnaît pas alors Jovin comme son alter ego. Trahis par les Wisigoths qu'il a contribué à installer sur la Garonne, Jovin et son frère sont assiégés à Valence et décapités à Narbonne par Dardannus.

Selon la Chronica Gallica de 452 en 440, le patrice Aetius accorde des terres abandonnées dans la région de Valence (d'où la possible origine du toponymeAllan) à un groupe d'Alains commandés par un certain Sambida, dont il n'existe pas d'autre mention. Leurs relations avec leurs voisins sont aussi difficiles que celles qu'entretiennent leurs cousins installés sur les bords de la Loire.

Toujours selon la Chronica Gallica, en 442, des Alains placés sous l’autorité d’un certain Eochar (il s’agit probablement de Goar, dont le nom a été déformé par les copistes) obtiennent un traité (fœdus) avec l’Empire romain : Aetius leur permet de s’installer sur la Loire, autour d’Orléans, mais les Alains, turbulents, sont très mal perçus par les autochtones. Un jour, estimant ne pas être payés assez vite ou suffisamment, des Alains n’hésitent pas à tuer des sénateurs d’Orléans. Le nom du village d’Allaines évoque probablement un poste des Alains dans cette région.

 

St-Germain barrant la route à Eochar, roi des Alains - vue d'artiste (1836) (Sélestat, Église Saint-Georges)

En 445448, les Alains d'Eochar10 répriment une révolte de bagaudes en Armorique pour le compte d'Aetius. S'il faut en croire la Vita Germani, l'évêque Germain d'Auxerre se serait placé sur leur route, saisissant même la bride du cheval d'Eochar pour l'empêcher d'avancer. Subjugués, les Alains se seraient alors retirés.

En 451, alors que leur chef est désormais Sangiban, les Alains forment le centre du dispositif tactique mis en place contre les forces d'Attila lors de la Bataille des champs Catalauniques (451), eu égard à la puissance de leur cavalerie lourde : Les Cataphractaires.

Témoignages de la présence des Alains en Gaule[modifier | modifier le code]

Comme pour la plupart des peuples barbares en migration, les Alains n’ont laissé que très peu de traces de leur présence sur le sol gaulois, hispanique, et africain.

Les « Alains de la Loire », présents autour d’Orléans, ainsi que d'autres groupes ont pu laisser en guise d’héritage leurethnonyme, à l’origine du nom de certaines localités en France du type Allaines (Eure-et-Loir, Alena vers 1130 ; Somme, Alania en 1095), Alaigne (Aude, de Alaniano en 1129), Allain (Meurthe-et-Moselle, Alanum en 836), Alan, etc.11, 12,13,14.

En Normandie, dans le département du Calvados, la présence alaine est peut-être attestée (mais pas dans la toponymie, ni dans l'onomastique en général) par un important mobilier funéraire daté du début du ve siècle : « le trésor d’Airan ». Mais peut-être ne s’agit-t-il que d’un groupe de lètes sarmates ou gothiques. Trouvé par hasard à Moult en 1876, ce trésor contient un certain nombre de pièces d’orfèvrerie polychrome attribuées soit aux Alains, soit aux Huns. La tombe, située à proximité de deux stations romaines du Bas Empire faisant partie de la ligne de défense dressée contre les pirates frisons et saxons, a pu être celle d’une princesse barbare qui a accompagné là son époux, quant à lui fédéré de Rome. Néanmoins, la présence d’éléments germaniques orientaux (fibule, chaîne) et romains (plaque-boucle de ceinture) aux côtés des éléments alano-sarmates rend l’origine ethnique de cette femme impossible à déterminer. Cette sépulture est classée par les archéologues dans le groupe dit d'« Untersiebenbrunn », du nom de l’endroit, situé en Autriche, où a été trouvée une tombe contenant un mobilier de provenances diverses. Il en existe plusieurs autres : Balleure (Étrigny, Bourgogne), Hochfelden (Bas-Rhin), Fürst (Bavière), Altlußheim (Bade-Wurtenberg), Beja (Portugal), etc.

Le patronyme « Al(l)ain », dans lequel il faut peut-être chercher l’origine du prénom « Alain », à l’origine très populaire en Bretagne et utilisé en Armorique dès le vie siècle, peut encore venir du nom de ces guerriers iranophones ; cependant, pour ce prénom, une origine celtique a aussi été suggérée.

En Hispanie et en Afrique du nord[modifier | modifier le code]

 

Royaume alain en Espagne

 

Royaumes alain et vandale

Enfin, en 409, une partie des Alains, conduite par Respendial, suit encore les Vandales et les Quades jusqu’enHispanie. Là, ils errent sur les plateaux du centre de la Péninsule Ibérique, dans la région du Tage. Selon Isidore de Séville et l'évêque hispanique Hydace, en 411 les envahisseurs répartissent entre eux les territoires de la péninsule par tirage au sort. Une des deux tribus vandales et les Quades s’établissent en Galice tandis que les Alains s’établissent enLusitanie et en Carthaginoise. Ils en sont brutalement délogés en 418 par les Wisigoths, qui les massacrent.

Leur périple avec les Vandales se poursuit alors jusqu’en Andalousie, et les clans alains d’Hispanie, très diminués par les attaques des Wisigoths, se placent sous l’autorité des Vandales unifiés : en 428, le roi vandale Genséric prend le titre de « roi des Vandales et des Alains », et emmène en 429 les 80 000 Barbares qui le suivent en Afrique du Nord. L’histoire des Alains s’y confond dès lors avec celle du « royaume Vandale d'Afrique » : fondé en 429, le royaume vandale qui va d'Alger à Carthage est détruit par les troupes byzantines en 533/534, lors de l’éphémère reconquête byzantine de l’Afrique, les Vandales et les Alains de Carthage ayant survécu se réfugient auprès des peuplades berbères.

L’une des rares traces de leur passage et de leur éphémère présence en Occident se trouve également en Espagne, où les Alains sont à l’origine d’une race de chiens robustes importés par ceux-ci, race qui a gardé leur nom : les alanos espagnols15.

À l’est, leurs lointains cousins, après avoir survécu aux massacres des Mongols ou des Tatars de Tamerlan au xiiie /xive siècle, et après avoir assimilé d’autres éléments caucasophones, vivent encore actuellement dans le Caucase sous le nom d’Ossètes. Ces derniers sont majoritairement de religion chrétienne orthodoxe, avec une importante minoritémusulmane. Une petite partie d'entre eux, alliés aux Mongols, vivent encore aujourd'hui en Mongolie, où ils portent le nom d'Asud.

Sur le plan culturel, seuls les Alains des ier  vie siècles sont des cavaliers nomades ou semi-nomades.

Civilisation[modifier | modifier le code]

L’historien-soldat romain Ammien Marcellin, témoin oculaire qui mêle ses propres observations aux relations d’autres auteurs, apporte quelques informations sur les Alains du nord du Caucase, informations qui doivent être abordées avec circonspection16.

Il décrit leur apparence physique : les Alains sont de grande taille, ont les cheveux modérément blonds, le regard martial et sont plus civilisés dans leur manière de s’habiller et de se nourrir que les Huns.

Sur le plan des mœurs, selon lui, les Alains sont belliqueux et courageux : leur férocité et la rapidité de leurs attaques n’ont rien à envier à celles des Huns. Ils ignorent l’esclavage et méprisent les faibles et les vieillards. Ils méprisent les vieillards car pour eux (comme pour de nombreux autres peuples barbares), c’est un honneur de mourir au combat, mais un déshonneur de mourir de vieillesse.

Pour ce qui est de leur mode de vie, les Alains ignorent le travail de la terre et utilisent des chariots couverts d’écorce en guise de maisons.

Ammien Marcellin leur prête encore la coutume de scalper leurs adversaires et d’en attacher les cheveux à leur monture. Ils rendent aussi un culte à une divinité de la guerre (identifiée à Mars) grâce à une simple épée fichée en terre et servant d’autel (le culte d’une épée « magique » est par ailleurs prêté aux Huns).

Ces informations correspondent trait pour trait aux légendes traditionnellement attachées aux peuples de cavaliers des steppes par leurs voisins sédentaires : Ammien Marcellin écrit même qu’on lui a rapporté que certains Alains orientaux seraient anthropophages.

Les sources archéologiques, quant à elles, indiquent l’existence chez les Alains d’une ou plusieurs divinités du feu et du soleil17.

L’art décoratif des Alains est essentiellement animalier : semblable à celui des Saces jusqu’au iie siècle, il fait la part belle aux décors polychromes cloisonnésaux iiie et ive siècles. Ces décors se généralisent en Occident au moment des grandes invasions (ive  vie siècles), notamment par le relais des peuples germaniques orientaux, nombreux à adopter des motifs scythiques de l’art des steppes (Goths, Burgondes, Vandales).

Par la suite, de nombreux éléments culturels sarmato-alains se retrouvent chez les Ossètes, jusqu’au xive siècle.

Selon Georges Dumézil, les Ossètes actuels sont, linguistiquement et culturellement, les descendants les plus caractérisés des Alains. Leurs légendes (cycle des Nartes) présentent des ressemblances intéressantes avec d'autres légendes de l’aire indo-européenne, notamment celtiques (légende arthurienne).

L'Alanie médiévale[modifier | modifier le code]

Après la tempête hunnique, une partie des Alains demeure sur place, à l'est du Don. L'irruption dans la steppe de nouveaux groupes nomades, Avars etBulgares, les pousse à se replier vers le piedmont du Caucase, au sud des fleuves Kouban et Terek. Ils s'y sédentarisent, abandonnant le pastoralisme, et adoptent une économie combinant élevage et agriculture.

Au viie siècle apparaît sous la plume d'un auteur arménien l'expression Aš-Digor pour désigner une partie des Alains. Digor est actuellement le mot qui désigne les Ossètes occidentaux. Le mot Asses se retrouve par la suite dans plusieurs langues sous des formes légèrement différentes comme ethnonyme des Alains. Au xiiie siècle, Guillaume de Rubrouck, lors de son voyage vers la cour mongole mentionne encore « quelques Alains qui sont appelés ici Aas»18.

Ils sont au contact des deux grands empires rivaux de la région, l'Empire byzantin et l'Empire sassanide, se mettant au service tantôt de l'un tantôt de l'autre. Au viie siècle, la donne géopolitique change. Les Arabes, qui viennent de détruire la Perse sassanide, atteignent la région. L'historien arabe Tabari rapporte qu'en 642, ils lancent un raid en territoire alain. Au début du viie siècle, un nouveau peuple turcophone, les Khazars, fonde un empire au nord du Caucase et vassalise les Alains. C'est encore par Tabari que nous savons qu'en 721-22, le pays des Alains fut envahi par les «Turcs» (il faut entendre par là les Khazars). Le viiie siècle est émaillé d'affrontements. En 724-25, un général arabe, Abd al -Malik, impose aux Alains le paiement d'un tribut.

Vers 905-915, les Alains se convertissent au christianisme. Cette première conversion est fragile: dans une lettre à l'archevêque d'Alanie, le patriarche de Constantinople, Nicolas Ier Mystikos, lui recommande de faire preuve de patience, tout particulièrement à l'égard des élites, dont dépend le succès de l'œuvre missionnaire19. S'il faut en croire l'écrivain arabe Al-Mas'ûdî, les Alains auraient néanmois abjuré le christianisme et expulsé le clergé byzantin en 931, une situation sans doute temporaire.

Au xe siècle, les écrits d'Al-Mas'ûdî, qui mentionnent le nom de la capitale des Alains, Magas, donnent un aperçu de la puissance des Alains: l'auteur signale que leur roi dispose de 30 000 cavaliers. Dans le De ceremoniis l'empereur byzantin Constantin VII Porphyrogénète emploie pour désigner ce souverain le terme grec d'exousiocrator (ce qui signifie « celui qui exerce l'autorité ») et lui accorde une place honorable dans la liste des rois qui gravitent dans l'orbite de Byzance. Au xiie siècle, l'historienne byzantine Anne Comnène mentionne encore le nom d'un exousiocrator, Rhosmices20.

Une source russe, la Chronique des temps passés, relate brièvement qu'en 965, le prince de la Rus' de kiev,Sviatoslav Ier, inflige aux Khazars une défaite qui porte un coup mortel à leur royaume, puis, tout aussi brièvement que ce prince vainc les « Iasses et les Kassogues ». Les Alains semblent s'être remis de cette défaite et connaissent un âge d'or. Ils nouent des alliances matrimoniales avec les états voisins, notamment la Géorgie. L'impératrice byzantine Marie d'Alanieen est l'exemple le plus connu. Malgré son surnom, elle n'est en fait qu'à moitié alaine, étant le fruit de l'union entre le roi géorgien Bagrat IV et la princesse alaine Boréna, sœur du roi Dourgoulel. Au cours du xie siècle, un nouveau peuple nomade turcophone, les Coumans, occupe la steppe pontique. Bien que nos connaissances à propos des Alains à cette époque soient particulièrement fragmentaires, il semble qu'ils aient entretenu des relations pacifiques avec les Coumans. Au xiie siècle, le royaume alain s'émiette. En 1222, la première incursion mongole dans la région résonne comme un coup de tonnerre. Les Alains s'allient aux Coumans pour affronter les envahisseurs, commandés par les généraux Subötaï et Djebé. Après une première bataille indécise, ces derniers recourent à une ruse. Selon l'écrivain arabe Ibn al-Athir21, ils assurent les Coumans qu'ils sont de la même race qu'eux, contrairement aux Alains, et leur promettent de ne pas les attaquer s'ils abandonnent leurs alliés. Les Coumans se retirent, laissant les Mongols écraser les Alains. Leur trahison ne les sauve pas, car les Mongols renient leur parole et les défont à leur tour.

Les Mongols se retirent, mais en 1238-39, une grande armée mongole prend le chemin de l'ouest. Les Alains ne sont qu'une de leurs victimes lors de cette vaste entreprise de conquête. Comme c'est souvent le cas, les Alains ne figurent qu'incidemment dans les divers ouvrages qui relatent ces événements. L'historien persan Djuvaini relate22 de manière assez confuse le siège et la prise d'une ville dont le nom arabe pourrait correspondre à Magas. Tous les Alains ne se soumettent pas. Guillaume de Rubrouck, lors de son voyage à travers l'Empire mongol en 1252-53 parle notamment des Alains ou Aas, qui sont chrétiens et combattent encore contre les Tartares.. L'empire mongol se désintégre progressivement en différents ulus rivaux. Le territoire alain se trouvait à la limite entre deux d'entre eux : la Horde d'or au nord, dont il faisait partie, et l'Ilkhanat de Perse au sud. C'est à cette époque que des groupes alains franchissent les crêtes du Caucase et pénètrent en territoire géorgien. Entre 1290 et 1310, une source anonyme géorgienne, l' Histoire des invasions mongolesfait état de combats qui eurent lieu avec des fortunes divers entre les deux peuples, mentionnant deux chefs alains (osses en géorgien), Faredjan et Bakatar.

La diaspora alaine (xiiie et xive)[modifier | modifier le code]

Présence dans l’empire byzantin[modifier | modifier le code]

Au début du xive siècle, les Alains apparaissent en tant que mercenaires ou auxiliaires de l’empereur byzantin, Andronic II Paléologue, comme le signale l’historien catalan Ramon Muntaner lorsqu’il relate l’expédition de la Compagnie catalane en Orient23. Leur chef Georges Gircon débarrasse l’empire du chef des Catalans, Roger de Flor, le 4 avril 1305, à Andrinople, obéissant aux ordres de Michel IX, le fils du basileus. Ces Alains sont défaits plus tard, en 1306, par les Catalans, et Gircon est tué et décapité. Il semble que Gircon ne portait guère Roger de Flor dans son cœur, car à la suite d’une querelle entre les hommes de la Compagnie et des Alains, son fils trouve la mort, ce qui est source d’une haine qui n’allait être assouvie qu’avec la mort du César.

Présence en Hongrie et Moldavie[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Iasses.

Sous les noms de Iasses, Iazyges, Jasons, Jasones, Jassics, Jászok et Iaşi, les Alains apparaissent aussi xive siècle comme mercenaires dans la Hongriemédiévale (où des comtés leur sont octroyés par le roi à l'est de Buda: la région du Jászság (pays iasse), autour de Berényszállás) et dans la principauté deMoldavie, où la capitale de leur comté: Aski, apparaît sous le nom de Civitas Iassiorum, en roumain Iaşi. Ils y sont rapidement assimilés aux populations locales et se fondent parmi les Magyars ou les Roumains24. En Moldavie, le nom Alani pour désigner le territoire n'est plus utilisé après l'installation du voïvode Bogdan en 1342, ce qui indique que les Iasses avaient déjà disparu. En Hongrie, une église franciscaine est érigée à Jászberény en 1474 afin de convertir au catholicisme les Iasses chrétiens byzantins, et c'est en partie en conséquence de cette conversion qu'en l'espace d'un siècle, ils perdent leur langue et s'assimilent aux populations environnantes25.

Présence en Chine et Mongolie[modifier | modifier le code]

Après le ralliement, dès 1238, d'une partie des Alains aux envahisseurs mongols, des troupes alaines sont incorporées dans l'armée mongole, et même dans la garde du grand khan. Elles suivent son armée jusqu'en Extrême-Orient. Comme c'est souvent le cas pour les Alains, leurs heurs et malheurs ne nous sont connus que par bribes. Au détour d'une page du Devisement du monde, Marco Polo nous apprend qu'en 1275, alors que des soldats alains viennent de s'emparer d'une ville du sud de la Chine, ils s'enivrent. La population en profite pour les tuer tous. En représailles, les Mongols massacrent alors tous les habitants. Ces Alains (en mongol Asud, c'est-à-dire le mot Asse suivi du pluriel mongol -ud26) jouent un grand rôle dans la conquête de la Chine par Kubilai. Au début du xive siècle, l'armée mongole compte environ 30 000 Alains, probablement installés à proximité de Pékin. Cette communauté (si on y ajoute les familles des soldats) relativement nombreuse, conserve la religion chrétienne (une ambassade est envoyée par eux en 1336 au pape Benoît XII en Avignon). Après le renversement en 1368 de la dynastie Yuan, les Alains suivent le repli des Mongols vers l'Asie Centrale, où, là encore, ils se fondent progressivement dans la population27.

Langue[modifier | modifier le code]

La langue originelle des Alains doit être du moyen iranien nord-oriental de type scythe (selon Georges Dumézil), probablement semblable à celui desSarmates. Elle évolue par la suite chez leurs descendants du Caucase au Moyen Âge pour devenir l’ossète actuel, mais la caractéristique commune de la plupart des Alains semble être leur propension à adopter la langue du pays où ils s’établissent et à s’assimiler ainsi aux populations locales. Dumézil a supposé que cette propension exprimait leur aspiration de se sédentariser.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1.  Entrée « Alains » [archive] [html], sur Encyclopédie Larousse (en ligne), Larousse (consulté le 5 juin 2016).
  2.  Entrée « Alānī » [archive] [php] dans Félix Gaffiot, Dictionnaire illustré latin-français, Paris, Hachette, , 1719 p., in-8o (notice BnF no FRBNF32138560), p. 94 (consulté le 5 juin 2016).
  3.  http://perseus.uchicago.edu/cgi-bin/philologic/getobject.pl?c.0:1680.lewisandshort [archive]
  4.  « scythiques » au sens large du terme, c'est-à-dire des iranophones nomadisant dans les steppes d'Europe orientale, dont les Scythes proprement dits forment un des rameaux
  5.  Alemany 2000, p. 21
  6.  The Western Regions according to the Hou Hanshu [archive]
  7.  extrait de la Guerre des Juifs , Livre 7, VII, 4
  8.  Grégoire de Tours, Histoire des Francs, 2, 9
  9.  Ne pas confondre Goar, chef alain, avec Saint Goar, ermite d'Aquitaine.
  10.  selon Constance de Lyon, auteur de la Vie de Saint Germain d’Auxerre (§ 28).
  11.  Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieu en France, Paris, Librairie Guénégaud,  (ISBN 2-85023-076-6), p. 8a - 10b
  12.  Courrier international Kostiantyn Rakhno, Paris, 29 nov. 2012-, hebdomadaire (ISSN 1154-516X)
  13.  En revanche, les types Al[l]one[s] sont exclus de cette série par les toponymistes et les linguistes, puisqu'ils remontent à un type Alauna bien attesté, probable dérivé en *-mno-(suffixe d'agent en celtique) d'une racine indo-européenne *al in Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, éditions errance 2003, p. 37. ; Ernest Nègre, Toponymie générale de la France (lire en ligne) [archive] et Albert Dauzat et Charles Rostaing, Op. cit. p. 12a.
  14.  Les types toponymiques Allainville et Alaincourt sont également exclus de cette série par la plupart des toponymistes : ils sont composés avec un nom de personne germaniqueAllin[us] in Albert Dauzat et Charles Rostaing, Op. cit., p. 8a. et Ernest Nègre, Op. cit., p. 923.
  15.  Photo d'un alano espagnol [archive]
  16.  Ammien Marcellin, Histoire de Rome (en particulier Livre XXXI, 2, 31-2 - seconde moitié du IVe s.) - Édition électronique et traduction en français [archive] sur le siteAgoraClass: L’Agora des Classiques [archive] de l’université catholique de Louvain [archive] (Belgique).
  17.  selon Iaroslav Lebedynsky, Les peuples nomades de la steppe des origines aux invasions mongoles ixe siècle av. J.-C.  xiiie siècle apr. J.-C. (Errance - Paris - 2003).
  18.  Rubrouck 1997, p. 102
  19.  Nicolas Mystikos, Épitre 52, citée dans Alemany 2000, p. 189
  20.  Anne Comnène, Alexiade, 13, 6, 2
  21.  Ibn al-Athir, Al-Kāmil fī At-tārīkh, cité dans Alemany 2000, p. 256
  22.  Djuvaini, Ta'rikh-i Jahan-Gusha (Histoire du Conquérant du monde, I, 38-40, cité dans Alemany 2000, p. 368.
  23.  Ramon Muntaner, Les Almogavres. L’expédition des Catalans en Orient, Éditions Anacharsis, 2002. [archive].
  24.  Nathalie Kálnoky : Des princes scythes aux capitaines des Iasses : Présence iranienne dans les chroniques médiévales et des privilèges des peuples auxiliaires militaires, L'Harmattan, Paris, 2006 Titre de la Revue : Droit et cultures [cote INIST : 24217], no 52.
  25.  (hu) Ildikó Katalin Pap, « A jászok » (version du 12 mars 2005 sur l'Internet Archive), JATE BTK Országos Tudományos Diákköri Konferencia 1999 (« Faculté des sciences humaines de l'université Attila József, conférence (biannuelle) nationale des cercles étudiants scientifiques 1999 »).
  26.  Kouznetsov et Lebedynsky 1997, p. 136
  27.  Vladimir Kouznetsov et Iaroslav Lebedinsky, « Les Alains », Éditions Errance, 2005.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Alains

, par HistoireDuMonde.net

Les Alains forment un peuple scythique, probablement originaire d’Ossétie, les Alains (latin [H] Alani - grec Alanoi) sont des cavaliers nomades apparentés aux Sarmates du Kirghizstan et très proches des Iazyges, des Roxolans et des Taïfales.

Origine

Leur première mention est due à l’historien antique juif Flavius Josèphe durant le Ier siècle de l’ère chrétienne : ce dernier nous apprend que « ... les Alains sont une tribu de Scythes, habitant aux bords du Tanaïs et du marais de la Méotide... », c’est-à-dire entre le Don et la mer d’Azov.

À cette époque, les Alains apparaissent aux abords de la Perse où leurs incursions sont l’une des causes de la chute des Parthes. Les Sassanides qui succèdent à ces derniers établissent en 226 un empire durable, refoulant les Alains aux confins du Don, de l’Oural et du Caucase ; les Alains y fondent alors un semblant de royaume éphémère.

En 375, date du commencement des « Grandes invasions », une partie d’entre eux prennent la fuite devant les Huns de Balamber et se retrouvent en Germanie.

Les Alains en Gaule

Ces Alains franchissent plus tard le Rhin gelé (?) près de Mayence durant la nuit de la Saint-Sylvestre 406/07, accompagnés principalement de Quades (ces derniers sont pendant longtemps confondus à tort avec les Suèves en raison d’une mauvaise traduction de « Souabes »), et des Vandales Hasdings et Sillings, conduits par deux rois différents.

D’abord alliés aux tribus vandales et aux Quades, et emmenés par leur chef Goar, les clans alains (autour de 50.000 individus ?) participent à l’écrasement des mercenaires francs conduits par le duc de Mayence. Les Alains sauvent également les Vandales, qui viennent de perdre leur roi, d’un énorme massacre ; aux côtés des autres envahisseurs germaniques, ils dévastent la Gaule romaine de 407 à 409 : Worms, Mayence, Strasbourg, Tournai, Arras, Amiens, Reims tombent et sont mis à sac. Paris, Orléans, Tours sont menacés.

Puis, ils franchissent la Loire en 408 (incendiant au passage le fort gallo-romain de Meung-sur-Loire). Cependant, au contraire de leurs compagnons d’armes, les Alains se divisent en plusieurs bandes armées, en plusieurs clans, plusieurs historiens établissant un nombre d’environ 3 000 individus par clan.

Une partie d’entre eux, toujours menée par Goar, obtient un traité (fœdus) avec l’Empire romain : Aetius leur permet de s’installer sur la Loire, autour d’Orléans, mais les Alains, turbulents, sont très mal perçus par les autochtones. Un jour, estimant ne pas être payés assez vite ou suffisamment, des Alains n’hésitent pas à tuer des sénateurs d’Orléans.

Les Alains parcourent en tous sens la péninsule d’ Armorique qu’Aetius leur avait abandonnée pour épargner les autres parties de la Gaule.

En 445-448, des Alains placés sous l’autorité d’un certain Eochar répriment la révolte des bagaudes d’Armorique pour le compte de Rome : il s’agit probablement des Alains de Goar.

En 451, alors que leur chef est désormais Sangiban, ces mêmes Alains forment le centre du dispositif militaire mis en place contre les forces d’Attila aux Champs catalauniques (Campus mauriacus en latin) près de Moirey, dans la région de Troyes : ce rôle est principalement dû aux mérites de la cavalerie lourde alaine (les cataphractes, véritables « chars d’assaut » de l’antiquité).

Auparavant, nous savons aussi que des clans Alains, menés par leur chef Sambida, se fixent sur le Rhône autour de Valence, où ils sont aussi difficiles à vivre d’ailleurs, que leurs cousins de la Loire.

Les Alains en Hispanie

Enfin, en 409, une partie des Alains, conduite par Respendial, suit encore les Vandales et les Quades jusqu’en Hispanie. Là, ils errent sur les plateaux du centre de la péninsule ibérique, dans la région du Tage. Une des deux tribus vandales et les Quades s’établissent en Galice tandis que des Alains s’établissent surtout en Lusitanie. Ils en sont brutalement délogés en 418 par les Wisigoths, qui les massacrent.

Leur périple avec les Vandales se poursuit alors jusqu’en Andalousie et les clans alains d’Hispanie, très diminués par les attaques des Wisigoths, se placent sous l’autorité des Vandales unifiés : en 428, le roi vandale Genséric prend le titre de « roi des Vandales et des Alains » et emmène en 429, les 80 000 Barbares qui le suivent en Afrique du nord. L’histoire des Alains s’y confond dès lors avec celle du « royaume de Carthage » : fondé en 439 dans la partie N. -E. de la Tunisie actuelle et dans l’Est de l’Algérie, cet « État » est détruit par les troupes byzantines en 533/34, lors de l’éphémère reconquête byzantine de l’Afrique.

Par la suite, l’ensemble des clans alains, moins nombreux que les autres peuples barbares, se sont naturellement et progressivement intégrés aux peuples voisins, quand ils ne sont pas tout simplement exterminés par d’autres peuples plus puissants (les Wisigoths notamment).

À l’est, leurs lointains cousins, après avoir survécu aux massacres des Mongols ou des Tatars de Tamerlan au XIIIe / XIVe siècle, et après avoir assimilé d’autres éléments caucasophones, vivent encore actuellement dans le Caucase sous le nom d’Ossètes. Ces derniers sont majoritairement de religion orthodoxe, avec une importante minorité musulmane.

Sur le plan culturel, seuls les Alains des Ier - VIe siècles sont des cavaliers nomades ou semi-nomades. Il est impossible de distinguer des éléments proprement alains en Afrique.

Témoignages de la présence des Alains en Gaule

Comme pour la plupart des peuples barbares en migration (hormis les Goths en Espagne), les Alains n’ont laissé que très peu de traces de leur présence sur le sol gaulois, hispanique, et africain.

Les « Alains de la Loire », présents autour d’Orléans, ont pu laisser, en guise d’héritage, leur ethnonyme à l’origine du nom d’une centaine de localités : Allaines, Allainville, Alaincourt, etc.

En Normandie, dans le Calvados, la présence alaine est peut-être mieux attestée par un important mobilier funéraire daté du début du Ve siècle : le « Trésor d’Airan ». Mais peut-être ne s’agit-t-il que d’un groupe de lètes sarmates.

Trouvé par hasard à Moult en 1876, ce trésor contient un certain nombre de pièces d’orfèvrerie polychrome attribuées soit aux Alains, soit aux Huns. La tombe, située à proximité de deux camps romains faisant partie de la ligne de défense dressée contre les pirates frisons et saxons, peut être celle d’une princesse barbare qui a accompagné là son époux, quant à lui fédéré de Rome. Néanmoins, la présence d’éléments germaniques orientaux (fibule, chaîne) et romains (plaque-boucle de ceinture) aux côtés des éléments alano-sarmates rend l’origine ethnique de cette femme impossible à déterminer.

Le patronyme « Al(l)ain », dans lequel il faut peut-être chercher l’origine du prénom « Alain », à l’origine très populaire en Bretagne et utilisé en Armorique dès le VIe siècle, peut encore venir du nom de cette peuplade barbare ; cependant, une étymologie celtique, plus plausible, est aussi suggérée pour ce prénom.

L’une des rares traces de leur passage et de leur éphémère présences en Occident se trouve également en Espagne, où les Alains sont à l’origine d’une race de chiens robustes importés par ces derniers, race qui a gardé leur nom : les Alanos Espanol.

Leur présence dans l’empire grec

Les Alains apparaissent aussi en tant que mercenaires ou auxiliaires de l’empereur byzantin Andronic II Paléologue, au début du XIVe siècle, comme le signale l’historien catalan Ramon Muntaner lorsqu’il relate l’expédition des Almogavres en Orient. C’est leur chef Georges Gircon qui assassinera le chef des Almogavres, Roger de Flor, César de l’Empire, le 4 avril 1305, à Andrinople, obéissant aux ordres de Michel IX, le fils de l’Empereur. Ces Alains furent défaits plus tard, en 1306, par les Almogavres et Gircon fut tué et décapité. Il semble que Gircon ne portait guère Roger de Flor dans son cœur, car à la suite d’une querelle entre les hommes de la Compagnie et des Alains, son fils trouva la mort, ce qui fut source d’une haine qui n’allait être assouvie qu’avec la mort du César.

Langue

La langue originelle des Alains doit être un parler iranien nord-oriental de type caucasien (selon G. Dumézil), probablement semblable à celui des Sarmates. Elle évolue par la suite chez leurs descendants du Caucase au Moyen Âge pour devenir quasiment identique à l’ossète actuel.

Civilisation

L’historien-soldat romain Ammien Marcellin, témoin oculaire qui mêle ses observations aux rumeurs (?) qu’il a entendues sur les Barbares, apporte quelques informations sur les Alains du nord du Caucase, informations qui doivent être abordées avec circonspection
Il décrit leur apparence physique : les Alains sont de petite taille mais robustes, ont les cheveux modérément blonds, le regard martial et sont plus civilisés dans leur manière de s’habiller et de se nourrir que les Huns.

Sur le plan des mœurs, selon lui, les Alains sont belliqueux et courageux : leur férocité et la rapidité de leurs attaques n’ont rien à envier à celles des Huns. Ils ignorent l’esclavage et méprisent les faibles et les vieillards. Ils méprisent les vieillards car pour eux (comme pour de nombreux autres peuples barbares), c’est un honneur de mourir au combat, mais un déshonneur de mourir de vieillesse.

Pour ce qui est de leur mode de vie, les Alains ignorent le travail de la terre et utilisent des chariots couverts d’écorce en guise de maisons.

Ammien Marcellin leur prête encore la coutume de scalper leurs adversaires et d’en attacher les cheveux à leur monture. Ils rendent aussi un culte à une divinité de la guerre (identifiée à Mars) grâce à une simple épée fichée en terre et servant d’autel (le culte d’une épée « magique » est par ailleurs prêté aux Huns).

Il faut noter que ces informations correspondent trait pour trait aux légendes traditionnellement attachées aux peuples de cavaliers des steppes par leurs voisins sédentaires : Ammien Marcellin écrit même qu’on lui a rapporté que certains Alains orientaux seraient anthropophages.

Les sources archéologiques, quant à elles, indiquent l’existence chez les Alains d’une ou plusieurs divinités du feu et du soleil.

L’art décoratif des Alains est essentiellement animalier : semblable à celui des Saces jusqu’au IIe siècle, il fait la part belle aux décors polychromes cloisonnés aux IIIe et IVe siècles. Ces décors se généralisent en Occident au moment des grandes invasions (IVe - VIe siècles), notamment par le relais des peuples germaniques orientaux, nombreux à adopter des motifs scythiques de l’art des steppes (Goths, Burgondes, Vandales).

Par la suite, de nombreux éléments culturels sarmato-alains se retrouvent chez les Ossètes, jusqu’au XIVe siècle.

Selon Georges Dumézil, les Ossètes actuels sont, linguistiquement et culturellement, les descendants les plus caractérisés des Alains. Leurs légendes (cycle des Nartes) présentent des ressemblances intéressantes avec celles de l’aire indo-européenne et notamment celtique (légende arthurienne).

Les Alains

Peuple apparenté aux Scythes ou aux Sarmates, et dont le nom apparaît pour la première fois dans l'Histoire naturelle, de Pline : elle habitait alors sur les rivages de la mer d'Azov (palus Maestis), et s'étendait jusqu'au Caucase. On la voit aux prises en 78 avec les Parthes, en 468 avec les Romains. Ammien Marcellin, qui en parle au IVe siècle, nous montre qu'ils n'avaient pas encore changé de pays ils formaient, d'après lui, populosas gentes et amplas, étaient répartis entre l'Europeet l'Asie, per utramque mundi partem 

« Presque tous les Alains », dit-il, « sont beaux, légèrement blonds... L'homme heureux, chez eux, est celui qui meurt en combattant [...]. Il n'y a rien dont ils ne se vantent comme d'avoir tué un homme : les dépouilles glorieuses, ce sont les peaux des crânes de leurs victimes, qu'ils suspendent, en guise de phalères, au poitrail de leurs chevaux de guerre [...]. Chez eux, point de temple: leur dieu, c'est un glaive nu, qu'ils plantent en terre [...]. Ils ignorent l'esclavage, étant tous de naissance noble. Ils se choisissent des juges, même encore aujourd'hui, et ils prennent pour tels les plus vieux et les plus éprouvés de leurs guerriers. » 

Ala fin du IVe siècle, sous la poussée des Huns, les Alains abandonnèrent leur antique berceau. Vers 383, une partie reçoit des terres de l'empire. Vers 387, un autre groupe, uni aux Huns, menace l'Helvétie. En 406, ils franchissent le Rhin et font partie de la grande invasion qui dévaste la Gaule et l'Espagne, s'unissent aux Vandales et passent avec eux en Afrique; d'autres combattent avec Attilacontre les Francs et les Romains; d'autres encore envahissent l'Italie au temps deMajorien et de Ricimer. Après le Ve siècle, il n'est plus question d'eux.

Un corps d'Alains servait dans l'empire romain, en Occident, sous le nom decomites Alani (Notice des dignités d'Occident, ch. V et VI). (C. Jullian).

 
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Les Alains

Les Alains 


Peuple Scythique, iranophone et indo-européen.

Ils apparaissent au premier siècle de notre ère en Europe, surgissant du Turkestan et se dirigeant vers le sud du Caucase où ils affrontent avec succès le faible Empire des Parthes. Toutefois, lorsqu'un coup d'état interne fait succomber la dynastie Parthe au profit de la dynastie Sassanide en 226, un nouvel Empire perse particulièrement fort, centralisé et puissant s'établit, capable de résister et repousser toutes nouvelles incursions alaines. 

C'est pourquoi les Alains, ne pouvant plus opérer des raids, reprennent leurs migrations en direction de l'ouest pour créer un véritable royaume Alain entre le Caucase, l'Oural et le fleuve Don. 

Mais l'arrivée des Huns au IVème siècle et la destruction de leur royaume en 375 par ces derniers les pousse à fuir, sous leur roi Safrac, vers l'Empire romain avec les Wisigoths et Ostrogoths. Ils ne s'arrêtent pas sur le cours inférieur du Danube mais poursuivent leur route vers l'ouest en ordre dispersé et isolé jusqu'au cours moyen du Rhin. 

Là, près de 50 000 Alains participent activement, sous la direction du roi Goar, à son franchissement le 31 décembre 406, date symbolique du début des "Grandes Invasions". 


Dans un premier temps, les colons francs installés dans l'Empire et dirigés par le duc de Mayence parviennent à contenir les Vandales mais les Alains du roi Goar les écrasent et emportent les villes de Strasbourg, Mayence, Worms, Tournai, Reims, Amiens et Arras.

Par la suite, les Alains suivent les Vandales et franchissent la Loire en 408. 
Toutefois, les Alains n'agissent pas avec une unité parfaite mais se caractérisent au contraire par des actions désordonnées, isolées et parfois contradictoires. 
les Alains se divisent en plusieurs bandes armées, en plusieurs clans, plusieurs historiens établissant un nombre d’environ 3 000 individus par clan. 
Une partie des tribus alaines, sous le roi Goar, accepte de se soumettre à l'autorité des romains et obtiennent un traité (fœdus), Aetius leur permet de s’installer sur la Loire, autour d’Orléans. 

Une autre partie des tribus alaines, sous le roi Sambida, s'installe le long du Rhône. 

En 445-448, des Alains placés sous l’autorité d’un certain Eochar répriment la révolte des bagaudes d’Armorique pour le compte de Rome.

Ammien Marcellin écrira que les Alains étaient grands et blonds: 

Presque tous les Alains sont des hommes d'une haute taille et de beauté; leurs cheveux est un peu jaune, leurs yeux sont terriblement féroce. 

mais précisera qu'ils étaient : un peu comme les Huns, mais dans leur mode de vie et leurs habitudes, ils sont moins sauvage.

Une dernière partie, sous le roi Respendial, s'allie avec les Vandales et les suivent vers la péninsule ibérique en 409. De là, elle s'installe en Galice et crée un royaume qui fut finalement détruit par les Wisigoths en 418. A partir de cette date, le groupe en Ibérie (Espagne) se divise. Une partie des tribus alaines de la péninsule ibérique suivent les Vandales vers l'Andalousie puis en Afrique du Nord, l'autre partie reste dans la péninsule. 

Notons simplement. Lorsqu'en 451 Attila envahit la Gaule, les Alains présents en Gaule, se souvenant de la destruction de leur royaume par les Huns, font preuve, sous le roi Sangiban, successeur de Goar, d'une résistance qui contraint Attila de mettre le siège à Orléans. 
Les troupes de Sangiban participeront également aux côtés d’Aetius à la bataille des ‘champs Catalaunique’. 

Par la suite, toutes les tribus Alaines s'amalgamèrent puis fusionnèrent avec les divers peuples qu'ils avaient suivis ou conquis à savoir avec les Vandales, les Wisigoths ou les Francs. 


Remarque : certains spécialistes considèrent les Alains comme une des grandes tribus appartenant au peuple des Sarmates
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Message 09 Mai 2014, 16:29

Les Alains

Les Alains Médiévaux

La partie des Alains qui restèrent dans le nord du Caucase commenceront lentement à se sédentariser. Une partie d’entre eux seront les alliés de Byzance, d’autres, plus orientaux, se rapprocherons des Perses Sassanides. Ils jouèrent un rôle dans les conflits entre ses deux puissances.

Vers 916 ap J-C, les Alains caucasiens édifierons un grand royaume chrétien. 
Au VIIIème et Xème siècle, ils seront les principaux axillaires militaires des Khazars.

Vers 1230, ils sont durement touchés par l’arrivée des Mongols. De nombreuses tribus n'auront d’autre choix que de fuir vers l’ouest. Néanmoins, une unité d’élite alaine sera intégré dans la garde du Khan. On retrouvera ce contingent en Chine.

Une population alaine (asses) existe toujours aujourd’hui en Mongolie.

Notons également que de nos jours, le peuple des Alains existe encore au nord du Caucase puisqu'un peuple vivant , à savoir les Ossètes, leur est indéniablement apparenté.

- Leur présence dans l’empire byzantin :

Au début du XIVème siècle, les Alains apparaissent en tant que mercenaires ou auxiliaires de l’empereur byzantin, Andronic II Paléologue.

Comme le signale l’historien catalan Ramon Muntaner lorsqu’il relate l’expédition des Almogavres en Orient, le chef alain, Georges Gircon, débarrasse l’empire du chef des Almogavres, Roger de Flor, le 4 avril 1305, à Andrinople, obéissant aux ordres de Michel IX, le fils du basileus. 
Ces Alains sont défaits plus tard, en 1306, par les Almogavres, et Gircon est tué et décapité. 

- Leur présence en Hongrie et en Moldavie : 

Sous les noms de Iasses, Iazyges, Jasons, Jasones, Jassics, Jászok et Iaşi, les Alains apparaissent aussi au XIVème siècle comme mercenaires dans la Hongrie médiévale (où des comtés leur sont octroyés par le roi à l'est de Buda: Jászság, autour de Berényszálás) et dans la principauté de Moldavie.
Ils y sont rapidement assimilés aux populations locales et se fondent parmi les Magyars et les Roumains.

- Leur présence en Mongolie et en Chine : 

Après l'invasion mongole de la Russie, certaines communautés alaines résistent à la Horde d'Or mais une partie des Alains se soumettent à l'empire mongol.

Il est fort possible qu'ils aident leurs nouveaux maîtres à lutter contre les Circassiens et qu'ils participent à l'invasion mongole de l'Europe. 

Des troupes alaines sont incorporées dans l'armée mongole et même dans la garde du « Grand Khan ». Elles suivent son armée jusqu'en Extrême-Orient. 

Sous le règne de Möngke Khan, ils se battent contre les Song (Chine du Sud).

Ces Alains continuent de jouer un rôle dans la conquête de la Chine par Khubilai khan.

Après le couronnement de Khubilai Khan, les Alains participent à la campagne contre Ariq Böke et plus tard, contre Qaïdu. 


Au début du XIVème siècle, l'armée mongole compte environ 30 000 Alains, probablement installés à proximité de Pékin. Cette communauté (si on y ajoute les familles des soldats) relativement nombreuse, conserve la religion chrétienne (une ambassade est envoyée par eux en 1336 au pape Benoît XII en Avignon). 

En 1368, à la suite du renversement de la Dynastie Yuan, les Alains suivent le repli des Mongols vers l'Asie Centrale, où, là encore, ils se fondent progressivement dans la population.

Ils restent influents en Mongolie jusqu'au XVème siècle, lorsque les Oïrats conquièrent la Mongolie.


- Leur présence à la Horde d'Or : 

Comme expliqué plus haut, ils sont durement touchés par l’arrivée des Mongols, vers 1230.

De nombreux Alains fuient vers l'ouest. Un groupe suivra les Kiptchaqs de Köten Khan jusqu'en Hongrie.

D'autres se réfugient dans les montagnes du Caucase et seront toujours une source de préoccupation pour les Mongols.

Des Alains seront intégrés dans la garde du Khan, on les retrouvera en Chine.

Néanmoins, de nombreux Alains resteront installé sur le territoire de la « Horde d'Or ».

Pour preuve, un quartier « asse » existait à Saraï et des Alains serviront dans les armées des khans de la « Horde d'Or » (au moins jusqu’à la bataille de Koulikovo en 1380).
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Message 29 Oct 2015, 19:34

Les Alains médiévaux

Les Alains et les Mongols


Introduction :

Pour rappel, Le premier contact entre les Alains et les Mongols gengiskanides se situe en 1222, dans le Caucase et est une conséquence presque fortuite de leur conquête du Khârezm, le grand État musulman turco-iranien d'Asie centrale (voir la Grande chevauchée de Subotaï).


Ces Alains, qu'Ibn al-Athîr (un historien arabe sunnite né en 1160 à Cizre et mort en 1233 à Mossoul) décrit comme un 'peuple nombreux', s'assurèrent du soutien desKiptchaqs (ou Coumans) et tentèrent d'arrêter les Mongols. 

La première bataille entre les Mongols et les Alains alliés aux Kiptchaqs fut indécise.

En effet, les Alains devaient représenter un formidable adversaire pour ce corps expéditionnaire mongol certes nombreux, mais coupé de ses bases et qui combattait sans interruption depuis des années. 

Les Mongols eurent alors recours à la ruse (ou à leur diplomatie).

ils prirent langue avec les Kiptchaqs et, selon Ibn al-Athîr, leur tinrent ce discours : 

« Nous sommes de la même race que vous, mais ces Alains ne sont pas des vôtres, et vous n'avez pas de raison de les aider, votre foi n'est pas semblable à leur foi ; et nous jurons que nous ne vous attaquerons pas, mais que nous vous apporterons de l'argent et des vêtements, autant que vous en voudrez. Laissez-nous seuls avec eux »


Les Mongols devaient effectivement traîner un riche butin depuis leur campagne au Khârezm et certainement de quoi acheter quelques chefs kiptchaqs. 

Les arguments ethniques et religieux qu'ils avançaient sont également intéressants à analyser. Ils démontrent par exemple que les Kiptchaqs devaient être, à cette époque, majoritairement païens face aux Alains chrétiens

Leur culte typiquement altaïque du Tangri, le ciel bleu divinisé, pouvait les rapprocher des Mongols. 

L'allusion à la 'race' est également intéressante.

Certains Kiptchaqs pouvaient présenter des traits asiatiques, on sait aussi qu'il parlaient une langue turque et que de nombreux Turcophones composaient les armées mongoles.

On sait aussi que les Kiptchaqs gardaient encore une culture dite 'cavalière et nomade' proche des Mongols et que les Alains, sédentaires depuis longtemps, avaient perdue.


Quoi qu'il en soit, les Kiptchaqs furent séduit et abandonnèrent leurs alliés. 

Seuls face aux Mongols, les Alains furent battus.

Puis, les Mongols se retournèrent contre les Kiptchaqs et les écrasèrent à leur tour (1222). 


La seconde fois que les Mongols font face aux Alains se situe lors de la 'campagne' militaire de 1235.

En effet, en 1235, le khan Ogodaï, qui avait succédé à son père, Gengis-Khan, décide d'achever la « conquête du monde » et lance une formidable armée à la conquête de l'Europe. 

Les Mongols s'emparent, entre 1236 et 1241, de toute l'Europe orientale, où ils furent d'emblée désignés par le nom de 'Tatars'.

Dès 1236, la 'Bulgarie de la Volga' est rayée de la carte. 

On note la présence d'Alains sur la Volga. Il s'agissait apparemment d'un groupe lié aux Kiptchaqs, comme ceux signalés au XIème siècle sur le Don.

Peut-être des descendants d'Alains que les Khazars avaient pu installer dans la région. 

En 1237, les Mongols attaquent les principautés de Ruthènes septentrionale (l'actuelle Russie avec les villes de Riazan, Kolomna, Moscou, Vladimir, Rostov...). La même année, ils battent les Tcherkesses du Caucase du Nord-Ouest. 

En 1238, ils infligent une nouvelle défaite aux Kiptchaqs. 

En 1239-40, c'est le tour de la Ruthénie méridionale, l'actuelle Ukraine.


La conquête de l'Alanie caucasienne s'intercale chronologiquement entre les campagne militaires de la Ruthénie septentrionale et de la Ruthénie méridionale. 

A l'automne 1238, une nombreuse armée mongole, sous les ordres de Möngke Khan, Güyük et Qada'an, fut dépêchée vers l'Alanie. Elle est équipée de machines de siège et donc préparée à attaquer des villes. 

On connaît quelques détails des opérations par les historiens persans, Rachîd ad-Dîn et Ata-Malek Jovayni ainsi que par des sources sino-mongoles. Malheureusement, les chronologies qu'ils donnent ne concordent pas toujours et Ata-Malek Jovayni paraît peu fiable sur certains points.

Il semblerait que durant l'hiver de 1238-39 ou de 1239-40 (la première date est jugée plus probable par une majorité d'historiens), les Mongols s'emparent d'une grande ville (la 'ville des Asses').

Malheureusement et même si les différents noms cités font penser à Magas, capitale de l'Alanie, cette ville n'est pas identifiée avec certitude.

Le siège aurait été conduit sur une grande échelle, avec percement d'une voie où pouvaient passer trois ou quatre chariots de front et usage intensif des machines balistiques. 

L'historien Ata-Malek Jovayni ajoute:

« rien ne demeura de la cité que les insectes qui lui ont donné son nom » 

La seule source émanant directement des conquérants (l'Histoire secrète des Mongols) dit qu'après avoir franchi la Volga et l'Oural, ceux-ci détruisirent Meget, massacrèrent les Ruthènes et pillèrent tout jusqu'à ce qu'il ne restât que miettes. Ils soumirent les Alains, les Sasud, les Bulgares, les habitants de Kiev..

Un autre point très intéressant, signalé dans l'Histoire des Yuan (le Yuan shi),est la participation d'Alains au siège de la ville. 
L'un d'eux, du nom de Mataersa, commandait même l'avant-garde des assiégeants. Ses frères Baduer et Wuzuoer Buhan s'étaient également ralliés aux Mongols.

Ce détail nous indique que les Alains, à cette époque, étaient divisés en plusieurs micro-royaumes et qu'ils devaient être en état d'hostilité permanente entre eux.

Les Mongols, qui étaient passés maîtres dans l'art de diviser leurs adversaires, avaient probablement réussi a rallier à leur cause quelques chefs alains qui virent une occasion inespérée de régler leurs comptes avec leurs compatriotes. 

Les Alains dans la Horde d'Or :

Après la phase initiale de la conquête, l'établissement d'un pouvoir mongol effectif en Alanie semble avoir été long et incomplet. 

La partie montagneuse du pays était difficile d'accès pour des formations de cavalerie habituées à manœuvrer dans la steppe. Mais même en plaine, des groupes d'Alains résistaient ou se soulevaient. 

En 1246, Jean de Plan Carpin signale qu'une partie des Alains est encore insoumise et prétend que les Mongols assiègent vainement, depuis vingt ans, une certaine montagne d'Alanie. 

Guillaume de Rubruck, ambassadeur de saint Louis auprès de Möngke khan en 1253-54, mentionne à plusieurs reprises la résistance des Alains. C'est d'abord à propos du Caucase :

'Nous avions au sud de très grandes montagnes où habitent, sur les flancs orientés vers cette région déserte, les Cherkis (Tcherkesses) et les Alains (ou Aas), qui sont chrétiens et combattent encore contre les Tartares (Mongols). Les Alains, dans ces montagnes, continuent à résister aux Tartares'. 

Aussi Sartach était-il obligé d'envoyer deux hommes sur dix garder les issues des monts pour empêcher les Alains de sortir de leurs montagnes, et d'enlever les troupeaux dans la plaine.

Mais d'autres Alains,appuyaient les Mongols : 

«Avant d'arriver à la Porte de Ver, nous trouvâmes un bourg fortifié des Alains qui appartenait à Mangou-Chan (Möngke khan) ». 

Dans la steppe aussi, des Alains se livraient à la guérilla et au brigandage: 

« Des Ruthènes, des Hongrois et des Alains qui sont leurs esclaves (des Mongols) et se trouvent en très grand nombre parmi eux, se mettent à vingt ou trente et s'échappent la nuit avec arc et carquois et tuent tous ceux qu'ils rencontrent la nuit. Le jour, ils se cachent, et, quand leurs chevaux sont fatigués, ils viennent de nuit se servir parmi les nombreux chevaux à la pâture, ils échangent les leurs contre des chevaux frais, et en emmènent un ou deux pour les manger quand ils ont faim. Notre guide craignait fort une telle rencontre... ».

Ce phénomène de brigandage se réfèrent à la région entre le on et la Volga. Ces groupes de guerriers libres évoquent déjà les premiers "cosaques" qui apparaîtront dans les steppes deux siècles plus tard. 

Vingt ans plus tard, encore, d'après le manuscrit Siméonov, les Mongols eurent recours à une armée ruthène pour s'emparer le 8 février 1278 de la glorieuse ville iasse de Dédéïakov (Tioutiakov)

La ville n'est pas identifiée précisément, mais elle se trouvait dans la région du Térek, au-delà des hautes montagnes iasses et tcherkesses, près des Portes de Fer 

Son nom, même sous la forme slavisée qui nous a été transmise, indique qu'il s'agirait bien d'une agglomération alaine (kov = qaw en ossète qui se traduit par village) on l'a même rapproché de Dzàuidzyqaw (actuellement Vladikavkaz,capitale de la république d'Ossétie-du-Nord-Alanie, en Russie). 

Ce qui est important à retenir, c'est la date de cet événement, c'est çà dire quarante ans après le début de la conquête mongole. 

Ce serait la dernière évocation d'une résistance ouverte des Alains, mais il fort possible que les Mongols n'aient jamais pu contrôler réellement certaines zones montagneuses du Caucase.

A la fin du XIIIème siècle, 10000 Mongols étaient encore cantonnés dans le 'pays des Asses'

On est peu renseigné sur la vie intérieure de l'Alanie au sein de la Horde d'Or.

Il est certain que les ravages dus à l'invasion de 1238-40, puis aux guerres avec l'Ilkhanat (Mongols d'Iran), provoquèrent une certaine dépopulation et poussèrent une partie des Alains à se replier vers les régions montagneuses et en particulier dans la haute Ossétie. 

Néanmoins, il subsistait une population alaine dans les zones de plaine et de piémont, et les villes continuaient à vivre. 

Les styles alains et bulgares ont exercé une certaine influence sur la céramique de la Horde d'Or aux XIIIème et XIVème siècles, notamment dans les motifs ornementaux.

Les "occupants" étaient nombreux surtout aux points stratégiques, comme à Verkhniï Djoulat où une forte garnison fut installée après le raid ilkhanide de 1324-25. 

Le reste du pays était toujours administré par des roitelets alains vassaux du khan. 

Il y pesait le même "joug tatar" que sur la Ruthénie : 

- Une lourde fiscalité (la population fut recensée en 1254 dans ce but, d'après les chroniques arméniennes et géorgiennes).
- Le trafic d'esclaves.
- L'obligation de fournir des troupes à l'armée du khan. 

En 1380, à la bataille de Koulikovo, l'armée de la Horde d'Or, battue par Dimitri Donskoï, comprenait encore un contingent 'asse' (Alains). 

Cette obligation militaire pouvait être extrêmement contraignante : dans la Géorgie voisine, 20 % des hommes étaient ainsi mobilisés. 

Des Alains s'établirent en différents points du territoire de la Horde d'Or, non seulement comme captifs, mais aussi comme fonctionnaires ou responsables militaires. 

Dès 1246, Jean de Plan Carpin avait ainsi eu maille à partir avec un Alain nommé Michée, préfet de Kaniv, une localité voisine de Kiev. 

Le chef mongol Nogaï installa probablement, dans les années 1290, de nombreux Alains en Ukraine du Sud-Ouest, entre le Dniestr et le Prout. 

En 1276, l'évêque Théognoste de Saraï, capitale de la Horde d'Or sur la Volga, signalait l'arrivée d'Alains dans son éparchie ( une éparchie est un 'diocèse nomade' responsable des Tatars chrétiens dans les steppes russes).

En 1333, à Saraï, capitale de la Horde d'Or, Ibn Battoûta signale des Asses musulmans, qui disposaient, comme les autres ethnies présentes, leur propre quartier dans la ville.

Ethnoblogie/ethnohistoire : les Alains

 

Voilà un peuple pas très très connu qui illustre bien le fait que les peuples actuels sont plus proches qu’on ne peut le penser. J’ai envie de parler de généalogie ethnique (ce qui doit se faire mieux avec d’autres mots), comme si tout le monde était cousin. Et vous savez quoi ? Tout le monde est cousin.

Alors je vais raconter un peu les Alains, en gros je digère l’article Wikipedia.

Les Alains sont un peuple Indo-Iranien de langue iranienne. Ils parlent une langue qui ressemble à l’iranien. D’ailleurs, ‘alain’ ou plutôt ‘alan’, ‘iron’, ‘iran’, ‘aryan’, sont des mots voisins qui veulent plus ou moins dire ‘noble’. Ce sont des Caucasiens (un mot pratique pour désigner les ‘Blancs’, mais c’est pas un nom de race, d’ethnie, de peuple ou de langue : c’est un nom de “type”). On imagine donc des guerriers à cheval du genre Mèdes, Scythes ou Parthes, pas des Turco-mongols comme Attila (Huns) ou Genghis Khan (Turco-Mongols qui eux sont des asiatiques ; enfin... pour la plupart...).

Ils sont installés au début entre l’Aral à l’Est et la Mer Noire à l’Ouest, en descendant jusqu’à la Grande Arménie au Sud. En gros, ils sont dans le Caucase et au Nord du Caucase, allant jusqu’au Kazakhstan et l’Ouzbékistan. Ce sont les plus Orientaux des Sarmates, cette confédération de cavaliers qu’on voit dans le Roi Arthur.


Contrairement à ce qu’on peut penser, ils sont très souvent blonds. Ils parlent une langue iranienne, mais ils sont tous blonds ; comme d’ailleurs les Sarmates. Les descendant des Sarmates se mélangeront avec d’autres pour former le gros du peuple russe, donc on voit le type physique que ça peut donner. En fait, les peuples qui venaient de ce côté-là du monde, pendant les Grandes Invasions et un peu avant, ne ressemblent pas aux cavaliers des steppes genre Huns : les Goths venaient de Scandinavie et ne faisaient que passer dans les plaines ukrainiennes (et étaient pas trop cavaliers), et donc ils étaient souvent blonds ou roux, et les Sarmates, qui étaient autochtones, étaient souvent blonds. Les Cosaques d’aujourd’hui, qu’ils soient russes (Cosaques du Don) ou Ukrainiens (Cosaques Zaporogues) doivent rappeler ce qu’étaient les Sarmates.

(Ilya Repin - La Réponse des Cosaques Zaporogues au Sultan de Turquie)


Avec la poussée des Huns, la confédération Sarmate se débande et les Alains se séparent en deux groupes : les Orientaux restent dans le Caucase et sur la Mer Noire. Les Occidentaux, eux, prennent part aux Grandes Migrations : certains s’installent en Pannonie, d’autres plus au Nord, dans l’Ouest de la Pologne actuelle, certains poussent jusqu’en Gaule, où ils seront décisifs pour stopper Attila aux Champs Catalauniques ; et d’autres enfin accompagnent les Suèves et les Vandales dans la Péninsule Ibérique, puis les Vandales dans le Maghreb.

Ceux de Pologne se mélangent avec d’autres slaves qui avaient migré un peu avant, et forment deux groupes qui seront installés par les Byzantins en Pannonnie, où ils retrouveront certains groupes alains : ces deux peuples seront les Serbes et les Croates.

Ceux de Gaule formeront deux royaumes, un autour d’Orléans, l’autre autour de Valence ; et certains Alains seront installés en Armorique (actuelle Bretagne) où ils donneront des noms comme Allainville ou le prénom Alain, d’origine bretonne et nom dynastique en Bretagne, dont un évêque de Quimper au VIè siècle et Saint Alain au XVème siècle (le prénom pourrait être d’origine celtique aussi, en fait).

De leur passage en Espagne, ils laisseront un chien au Pays Basque, l’Alano Español (alano en italien signifie aujourd’hui ‘dogue’).

De leur passage plus bas, euh... comme les Vandales (qui ont donné leur nom à une région d’Espagne qui s’appelle... Andalousie... on invente rien, hein).

Ceux qui sont restés dans le Caucase donneront le peuple Ossète (de leur nom grec, Aorsi) qui fonderont le royaume d’Alanie au Moyen-Âge (détruit par Tamerlan, un empereur Turco-Mongol) (Chagatai en fait) (super-important ce type, mais personne connaît).


En Russie, ils se mélangeront aux locaux, avec les Sarmates, pour donner le peuple Russe ; par exemple, Sainte-Marie-l’Ossète sera la grand-mère d’Alexandre Nevsky (vous savez, le gars qui... non, vous savez pas ?).

Donc et pour résumer, les Alains sont les ancêtres, en partie (toujours en partie... rien ne se perd, rien ne se crée) : des Ossètes (Caucase), des Russes, des Ukrainiens, des Serbes, des Croates, des Français, des Bretons et des Portugais, de quelques Hongrois (les Jassiques), et, quelque part, un peu des Nord-Africains (les Vandales furent expulsés de la Province romaine d’Afrique après la reconquête byzantine, mais où allèrent-ils ?).

Les Alains

par Iaroslav Lebedynsky, Vladimir Kouznetsov

 

( Livre )
Errance 
2005, 281 p., 28 euros

ISBN : 2877722953

Apparus au tournant de notre ère, les Alains furent le dernier ensemble nomade de langue iranienne dans les steppes européennes, après les Scythes et les Sarmates.

Implantés principalement au nord de la mer d'Azov et du Caucase, ils se firent connaître par leurs incursions en territoire romain, en Arménie ou en Perse. Les invasions hunniques les dispersèrent et en firent, aux IVe-Ve siècles, des acteurs majeurs des Grandes Invasions en Europe centrale et occidentale (dont la Gaule où ils s'installent) et jusqu'en Afrique du Nord. Mais le groupe principal des Alains, replié vers la Ciscaucasie centrale, s'y sédentarisa et y devint un facteur politique et militaire essentiel dans les guerres entre Byzance et la Perse, puis dans la résistance aux invasions arabes.

Convertie au christianisme vers 916, l'Alanie caucasienne forma un puissant État marqué par l'influence byzantine et qui connut son apogée aux Xe-XIIe siècles. Une autre invasion, celle des Mongols, dissémina aux XIIIe-XIVe siècles des Alains de la Hongrie à la Chine. Mais leur noyau caucasien survécut même aux ravages de Tamerlan, pour finalement donner naissance au peuple ossète moderne. 

 

Les Alains, cavaliers des steppes, seigneurs du Caucase.

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Apparus au tournant de notre ère, les Alains furent le dernier ensemble nomade de langue iranienne dans les steppes européennes, après les Scythes et les Sarmates.

 

 

Les Alains

Cavaliers des steppes, seigneurs du Caucase Ier-XVe siècles apr.J.-C.

IAROSLAV LEBEDYNSKY
VLADIMIR KOUZNETSOV