Le périple des Alains dans le contexte desGrandes
migrations en Europe, annonçant leHaut
Moyen Âge, est un des trajets les plus étendus : en rouge,
figurent les migrations ; en orange, les expéditions militaires ; et,
en jaune, les tentatives de sédentarisation.
Le mot « Alains » apparaît, semble-t-il, pour la première
fois dans une pièce deSénèque,Thyeste,
probablement écrite entre 41 et 48. Sénèque se borne à mentionner au passage
les « féroces Alains »5.
À peu près à la même période, une source historique chinoise, leLivre
des Han postérieurs, signale qu'un royaume appelé Yancai a pris le nom
de Alanliao6.
La première mention de leurs raids est due à l’historienjuifduier sièclede
l'antiquitéromaine,Flavius
Josèphe, qui signale que« les
Alains sont une tribu de Scythes, habitant sur les bords du Tanaïs et du
marais de laMéotide… »7,
c’est-à-dire entre leDonet
lamer
d'Azov. Il rapporte ensuite qu'ils lancèrent un raid en Transcaucasie,
ravageant les territoires dePacorus,
roi deMédie
Atropatènepuis en Arménie,
dont le roiTiridatefaillit
être capturé.
À cette époque, les Alains apparaissent aux abords de l'Iran,
où leurs incursions sont l’une des causes de la chute desParthes.
LesSassanidesqui
leur succèdent établissent en226un
empire durable, refoulant les Alains aux confins du Don, de l’Ouralet
duCaucase,
où ils fondent alors un semblant de royaume éphémère.
Durant la nuit de la Saint-Sylvestre406/07,
les Alains de Germanie franchissent leRhin,
peut-être gelé, près deMayence,
accompagnés principalement deQuades(ces
derniers sont pendant longtemps confondus à tort avec lesSuèvesen
raison d’une mauvaise traduction de « Souabes »),
et desVandalesHasdingsetSillings,
conduits par deux rois différents.
SelonGrégoire
de Tours8,
des Alains alliés auxVandaleset
aux Quades et emmenés par leur chef Respendial (un autre de leurs chefs
nommé Goar9étant
passé dans le camp romain), participent à l’écrasement desauxiliairesfrancsconduits
par leducde
Mayence. Les Alains sauvent également les Vandales, qui viennent de perdre
leur roi Godigisel, d’un énorme massacre ; aux côtés des autres envahisseursgermaniques,
ils dévastent laGaule
romainede407à409 :Worms,
Mayence,Strasbourg,Tournai,Arras,Amiens,Reimstombent
et sont mis à sac.Paris,Orléans,Tourssont
menacés.
Puis, ils franchissent laLoireen408(incendiant
au passage lefortgallo-romaindeMeung-sur-Loire).
Cependant, contrairement à leurs compagnons d’armes, les Alains se divisent
en plusieurs bandes armées, en plusieurs clans, plusieurs historiens
établissant un nombre d’environ 3 000 individus par clan.
En411,
à la suite du schisme du christianisme jovinien, vient l'intronisation deJovinà
Mayence comme empereur.Goar,
chef alain etGunther,
chef burgonde, assurent la protection de Jovin et de son frère Sébastien
contreHonoriusempereur
délégitimé parConstantin
IIIquelques années
auparavant, dont le pouvoir a été repris par Jovin. Honorius ne reconnaît
pas alors Jovin comme son alter ego. Trahis par les Wisigoths qu'il a
contribué à installer sur la Garonne, Jovin et son frère sont assiégés à
Valence et décapités à Narbonne par Dardannus.
Selon laChronica
Gallica de 452en 440, lepatriceAetiusaccorde
des terres abandonnées dans la région deValence(d'où
la possible origine du toponymeAllan)
à un groupe d'Alains commandés par un certainSambida,
dont il n'existe pas d'autre mention. Leurs relations avec leurs voisins
sont aussi difficiles que celles qu'entretiennent leurs cousins installés
sur les bords de la Loire.
Toujours selon la Chronica Gallica, en 442, des Alains placés
sous l’autorité d’un certain Eochar (il s’agit probablement de Goar, dont le
nom a été déformé par les copistes) obtiennent un traité (fœdus)
avec l’Empire
romain : Aetius leur permet de s’installer sur la Loire, autour
d’Orléans, mais les Alains, turbulents, sont très mal perçus par lesautochtones.
Un jour, estimant ne pas être payés assez vite ou suffisamment, des Alains
n’hésitent pas à tuer des sénateurs d’Orléans. Le nom du village d’Allainesévoque
probablement un poste des Alains dans cette région.
En445–448,
les Alains d'Eochar10répriment
une révolte debagaudesenArmoriquepour
le compte d'Aetius. S'il faut en croire laVita
Germani, l'évêqueGermain
d'Auxerrese serait placé sur
leur route, saisissant même la bride du cheval d'Eochar pour l'empêcher
d'avancer. Subjugués, les Alains se seraient alors retirés.
Comme pour la plupart des peuples barbares enmigration,
les Alains n’ont laissé que très peu de traces de leur présence sur le sol
gaulois, hispanique, et africain.
Les « Alains de la Loire », présents autour d’Orléans, ainsi
que d'autres groupes ont pu laisser en guise d’héritage leurethnonyme,
à l’origine du nom de certaines localités en France du typeAllaines(Eure-et-Loir,Alenavers
1130 ; Somme,Alaniaen
1095),Alaigne(Aude,de
Alanianoen 1129),Allain(Meurthe-et-Moselle,Alanumen
836),Alan,
etc.11,12,13,14.
EnNormandie,
dans le département duCalvados,
la présence alaine est peut-être attestée (mais pas dans la toponymie, ni
dans l'onomastiqueen
général) par un important mobilier funéraire daté du début duve siècle :
« le
trésor d’Airan ». Mais peut-être ne s’agit-t-il que d’un groupe delètessarmates
ou gothiques. Trouvé par hasard àMoulten1876,
ce trésor contient un certain nombre de pièces d’orfèvreriepolychromeattribuées
soit aux Alains, soit aux Huns. Latombe,
située à proximité de deux stations romaines duBas
Empirefaisant partie de la
ligne de défense dressée contre lespiratesfrisonsetsaxons,
a pu être celle d’une princesse barbare qui a accompagné là son époux, quant
à lui fédéré de Rome. Néanmoins, la présence d’éléments germaniques
orientaux (fibule,
chaîne) et romains (plaque-boucle de ceinture) aux côtés des éléments
alano-sarmates rend l’origineethniquede
cette femme impossible à déterminer. Cette sépulture est classée par les
archéologues dans le groupe dit d'« Untersiebenbrunn », du nom de l’endroit,
situé en Autriche, où a été trouvée une tombe contenant un mobilier de
provenances diverses. Il en existe plusieurs autres : Balleure (Étrigny,
Bourgogne), Hochfelden (Bas-Rhin), Fürst (Bavière), Altlußheim
(Bade-Wurtenberg), Beja (Portugal), etc.
Lepatronyme« Al(l)ain »,
dans lequel il faut peut-être chercher l’origine duprénom« Alain »,
à l’origine très populaire enBretagneet
utilisé enArmoriquedès
levie siècle,
peut encore venir du nom de ces guerriers iranophones ; cependant, pour ce
prénom, une origineceltiquea
aussi été suggérée.
Enfin, en409,
une partie des Alains, conduite parRespendial,
suit encore les Vandales et les Quades jusqu’enHispanie.
Là, ils errent sur les plateaux du centre de laPéninsule
Ibérique, dans la région duTage.
SelonIsidore
de Sévilleet l'évêque
hispaniqueHydace,
en411les
envahisseurs répartissent entre eux les territoires de la péninsule par
tirage au sort. Une des deux tribus vandales et les Quades s’établissent enGalicetandis
que les Alains s’établissent enLusitanieet
enCarthaginoise.
Ils en sont brutalement délogés en418par
lesWisigoths,
qui les massacrent.
Leur périple avec les Vandales se poursuit alors jusqu’enAndalousie,
et les clans alains d’Hispanie, très diminués par les attaques des
Wisigoths, se placent sous l’autorité des Vandales unifiés : en428,
le roi vandaleGenséricprend
le titre de « roi des Vandales et des Alains », et emmène en429les
80 000Barbaresqui
le suivent enAfrique
du Nord. L’histoiredes
Alains s’y confond dès lors avec celle du « royaume Vandale d'Afrique » :
fondé en 429, le royaume vandale qui va d'Alger à Carthage est détruit par
les troupesbyzantinesen533/534,
lors de l’éphémère reconquête byzantine de l’Afrique, les Vandales et les
Alains de Carthage ayant survécu se réfugient auprès des peuplades berbères.
L’une des rares traces de leur passage et de leur éphémère
présence enOccidentse
trouve également en Espagne, où les Alains sont à l’origine d’uneracedechiensrobustes
importés par ceux-ci, race qui a gardé leur nom : lesalanos
espagnols15.
À l’est, leurs lointains cousins, après avoir survécu aux
massacres desMongolsou
desTatarsdeTamerlanauxiiie/xive siècle,
et après avoir assimilé d’autres éléments caucasophones, vivent encore
actuellement dans le Caucase sous le nom d’Ossètes.
Ces derniers sont majoritairement dereligion
chrétienne orthodoxe, avec une importante minoritémusulmane.
Une petite partie d'entre eux, alliés aux Mongols, vivent encore aujourd'hui
enMongolie,
où ils portent le nom d'Asud.
L’historien-soldat romainAmmien
Marcellin, témoin oculaire qui mêle ses propres observations aux
relations d’autres auteurs, apporte quelques informations sur les Alains du
nord du Caucase, informations qui doivent être abordées avec circonspection16.
Il décrit leur apparence physique : les Alains sont de grande
taille, ont les cheveux modérément blonds, le regard martial et sont plus
civilisés dans leur manière de s’habiller et de se nourrir que les Huns.
Sur le plan des mœurs, selon lui, les Alains sont belliqueux
et courageux : leur férocité et la rapidité de leurs attaques n’ont rien à
envier à celles des Huns. Ils ignorent l’esclavage et méprisent les faibles
et les vieillards. Ils méprisent les vieillards car pour eux (comme pour de
nombreux autres peuples barbares), c’est un honneur de mourir au combat,
mais un déshonneur de mourir de vieillesse.
Pour ce qui est de leur mode de vie, les Alains ignorent le
travail de la terre et utilisent des chariots couverts d’écorce en guise de
maisons.
Ammien Marcellin leur prête encore la coutume de scalper
leurs adversaires et d’en attacher les cheveux à leur monture. Ils rendent
aussi un culte à une divinité de la guerre (identifiée à Mars) grâce à une
simple épée fichée en terre et servant d’autel (le culte d’une épée
« magique » est par ailleurs prêté aux Huns).
Ces informations correspondent trait pour trait aux légendes
traditionnellement attachées aux peuples de cavaliers des steppes par leurs
voisins sédentaires : Ammien Marcellin écrit même qu’on lui a rapporté que
certains Alains orientaux seraient anthropophages.
Les sources archéologiques, quant à elles, indiquent
l’existence chez les Alains d’une ou plusieurs divinités du feu et du soleil17.
L’art décoratif des Alains est essentiellement animalier :
semblable à celui des Saces jusqu’auiie siècle,
il fait la part belle aux décors polychromescloisonnésauxiiieetive siècles.
Ces décors se généralisent en Occident au moment des grandes invasions (ive–vie siècles),
notamment par le relais des peuples germaniques orientaux, nombreux à
adopter des motifs scythiques de l’art des steppes (Goths, Burgondes,
Vandales).
Par la suite, de nombreux éléments culturels sarmato-alains
se retrouvent chez les Ossètes, jusqu’auxive siècle.
SelonGeorges
Dumézil, lesOssètesactuels
sont, linguistiquement et culturellement, les descendants les plus
caractérisés des Alains. Leurs légendes (cycle desNartes)
présentent des ressemblances intéressantes avec d'autres légendes de l’aire
indo-européenne, notamment celtiques (légende
arthurienne).
Après la tempêtehunnique,
une partie des Alains demeure sur place, à l'est du Don. L'irruption dans la
steppe de nouveaux groupes nomades,AvarsetBulgares,
les pousse à se replier vers lepiedmontdu
Caucase, au sud des fleuvesKoubanetTerek.
Ils s'y sédentarisent, abandonnant le pastoralisme, et adoptent une économie
combinant élevage et agriculture.
Auviie siècle
apparaît sous la plume d'un auteur arménien l'expressionAš-Digorpour
désigner une partie des Alains.Digorest
actuellement le mot qui désigne les Ossètes occidentaux. Le motAssesse
retrouve par la suite dans plusieurs langues sous des formes légèrement
différentes commeethnonymedes
Alains. Auxiiie siècle,Guillaume
de Rubrouck, lors de son voyage vers la cour mongole mentionne encore
« quelques Alains qui sont appelés ici Aas»18.
Ils sont au contact des deux grands empires rivaux de la
région, l'Empire
byzantinet l'Empire
sassanide, se mettant au service tantôt de l'un tantôt de l'autre. Auviie siècle,
la donne géopolitique change. Les Arabes, qui viennent de détruire la Perse
sassanide, atteignent la région. L'historien arabeTabarirapporte
qu'en642,
ils lancent un raid en territoire alain. Au début duviie siècle,
un nouveau peuple turcophone, lesKhazars,
fonde un empire au nord du Caucase et vassalise les Alains. C'est encore par
Tabari que nous savons qu'en 721-22, le pays des Alains fut envahi par les
«Turcs» (il faut entendre par là les Khazars). Leviiie siècle
est émaillé d'affrontements. En 724-25, un général arabe, Abd al -Malik,
impose aux Alains le paiement d'un tribut.
Vers 905-915, les Alains se convertissent au christianisme.
Cette première conversion est fragile: dans une lettre à l'archevêque
d'Alanie, le patriarche de Constantinople,Nicolas
Ier Mystikos, lui recommande de faire preuve de patience, tout
particulièrement à l'égard des élites, dont dépend le succès de l'œuvre
missionnaire19.
S'il faut en croire l'écrivain arabeAl-Mas'ûdî,
les Alains auraient néanmois abjuré le christianisme et expulsé le clergé
byzantin en 931, une situation sans doute temporaire.
Auxe siècle,
les écrits d'Al-Mas'ûdî, qui mentionnent le nom de la capitale des Alains,
Magas, donnent un aperçu de la puissance des Alains: l'auteur signale que
leur roi dispose de30 000cavaliers.
Dans leDe
ceremoniisl'empereur
byzantinConstantin
VII Porphyrogénèteemploie
pour désigner ce souverain le terme grec d'exousiocrator(ce
qui signifie « celui qui exerce l'autorité ») et lui accorde une place
honorable dans la liste des rois qui gravitent dans l'orbite de Byzance. Auxiie siècle,
l'historienne byzantineAnne
Comnènementionne encore le
nom d'unexousiocrator,
Rhosmices20.
Une source russe, laChronique
des temps passés, relate brièvement qu'en 965, le prince de laRus'
de kiev,Sviatoslav
Ier, inflige aux Khazars une défaite qui porte un coup mortel à leur
royaume, puis, tout aussi brièvement que ce prince vainc les « Iasses et les
Kassogues ». Les Alains semblent s'être remis de cette défaite et
connaissent un âge d'or. Ils nouent des alliances matrimoniales avec les
états voisins, notamment laGéorgie.
L'impératrice byzantineMarie
d'Alanieen est l'exemple le plus connu. Malgré son surnom, elle n'est en
fait qu'à moitié alaine, étant le fruit de l'union entre le roi géorgienBagrat
IVet la princesse alaine
Boréna, sœur du roi Dourgoulel. Au cours duxie siècle,
un nouveau peuple nomade turcophone, lesCoumans,
occupe lasteppe
pontique. Bien que nos connaissances à propos des Alains à cette époque
soient particulièrement fragmentaires, il semble qu'ils aient entretenu des
relations pacifiques avec les Coumans. Auxiie siècle,
le royaume alain s'émiette. En1222,
la première incursionmongoledans
la région résonne comme un coup de tonnerre. Les Alains s'allient aux
Coumans pour affronter les envahisseurs, commandés par les générauxSubötaïetDjebé.
Après une première bataille indécise, ces derniers recourent à une ruse.
Selon l'écrivain arabeIbn
al-Athir21,
ils assurent les Coumans qu'ils sont de la même race qu'eux, contrairement
aux Alains, et leur promettent de ne pas les attaquer s'ils abandonnent
leurs alliés. Les Coumans se retirent, laissant les Mongols écraser les
Alains. Leur trahison ne les sauve pas, car les Mongols renient leur parole
et les défont à leur tour.
Les Mongols se retirent, mais en 1238-39, une grande armée
mongole prend le chemin de l'ouest. Les Alains ne sont qu'une de leurs
victimes lors de cette vaste entreprise de conquête. Comme c'est souvent le
cas, les Alains ne figurent qu'incidemment dans les divers ouvrages qui
relatent ces événements. L'historien persanDjuvainirelate22de
manière assez confuse le siège et la prise d'une ville dont le nom arabe
pourrait correspondre à Magas. Tous les Alains ne se soumettent pas.Guillaume
de Rubrouck, lors de son voyage à travers l'Empire mongol en 1252-53
parle notamment desAlains ou
Aas, qui sont chrétiens et combattent encore contre les Tartares..
L'empire mongol se désintégre progressivement en différentsulusrivaux.
Le territoire alain se trouvait à la limite entre deux d'entre eux : laHorde
d'orau nord, dont il faisait
partie, et l'Ilkhanat
de Perseau sud. C'est à
cette époque que des groupes alains franchissent les crêtes du Caucase et
pénètrent en territoire géorgien. Entre 1290 et 1310, une source anonyme
géorgienne, l'Histoire des
invasions mongolesfait état de combats qui eurent lieu avec des fortunes
divers entre les deux peuples, mentionnant deux chefs alains (osses en
géorgien), Faredjan et Bakatar.
Au début duxive siècle,
les Alains apparaissent en tant que mercenaires ou auxiliaires de l’empereur
byzantin,Andronic
II Paléologue, comme le signale l’historien catalan Ramon Muntaner
lorsqu’il relate l’expédition de laCompagnie
catalaneen Orient23.
Leur chef Georges Gircon débarrasse l’empire du chef des Catalans,Roger
de Flor, le 4 avril 1305, àAndrinople,
obéissant aux ordres deMichel
IX, le fils dubasileus.
Ces Alains sont défaits plus tard, en 1306, par les Catalans, et Gircon est
tué et décapité. Il semble que Gircon ne portait guère Roger de Flor dans
son cœur, car à la suite d’une querelle entre les hommes de la Compagnie et
des Alains, son fils trouve la mort, ce qui est source d’une haine qui
n’allait être assouvie qu’avec la mort du César.
Sous les noms deIasses,Iazyges,
Jasons, Jasones, Jassics, Jászok et Iaşi, les Alains apparaissent aussixive siècle
comme mercenaires dans laHongriemédiévale
(où des comtés leur sont octroyés par le roi à l'est deBuda:
la région du Jászság (pays iasse), autour deBerényszállás)
et dans la principauté deMoldavie,
où la capitale de leurcomté:
Aski, apparaît sous le nom deCivitas
Iassiorum, en roumainIaşi.
Ils y sont rapidement assimilés aux populations locales et se fondent parmi
lesMagyarsou
lesRoumains24.
En Moldavie, le nomAlanipour
désigner le territoire n'est plus utilisé après l'installation duvoïvode
Bogdanen 1342, ce qui
indique que les Iasses avaient déjà disparu. En Hongrie, une églisefranciscaineest
érigée àJászberényen
1474 afin de convertir au catholicisme les Iasses chrétiens byzantins, et
c'est en partie en conséquence de cette conversion qu'en l'espace d'un
siècle, ils perdent leur langue et s'assimilent aux populations
environnantes25.
Après le ralliement, dès1238,
d'une partie des Alains aux envahisseursmongols,
des troupes alaines sont incorporées dans l'armée mongole, et même dans la
garde du grand khan. Elles suivent son armée jusqu'en Extrême-Orient. Comme
c'est souvent le cas pour les Alains, leurs heurs et malheurs ne nous sont
connus que par bribes. Au détour d'une page duDevisement
du monde,Marco
Polonous apprend qu'en 1275,
alors que des soldats alains viennent de s'emparer d'une ville du sud de la
Chine, ils s'enivrent. La population en profite pour les tuer tous. En
représailles, les Mongols massacrent alors tous les habitants. Ces Alains
(en mongolAsud,
c'est-à-dire le motAssesuivi
du pluriel mongol-ud26)
jouent un grand rôle dans la conquête de la Chine parKubilai.
Au début duxive siècle,
l'armée mongole compte environ 30 000 Alains, probablement installés à
proximité dePékin.
Cette communauté (si on y ajoute les familles des soldats) relativement
nombreuse, conserve la religion chrétienne (une ambassade est envoyée par
eux en1336au
papeBenoît
XIIenAvignon).
Après le renversement en1368de
la dynastieYuan,
les Alains suivent le repli des Mongols vers l'Asie Centrale, où, là encore,
ils se fondent progressivement dans la population27.
Lalangueoriginelle
des Alains doit être dumoyen
iraniennord-orientalde
typescythe(selonGeorges
Dumézil), probablement semblable à celui desSarmates.
Elle évolue par la suite chez leurs descendants duCaucaseauMoyen
Âgepour devenir l’ossèteactuel,
mais la caractéristique commune de la plupart des Alains semble être leur
propension à adopter la langue du pays où ils s’établissent et à s’assimiler
ainsi aux populations locales. Dumézil a supposé que cette propension
exprimait leur aspiration de sesédentariser.
↑« scythiques »
au sens large du terme, c'est-à-dire des iranophones nomadisant dans les
steppes d'Europe orientale, dont lesScythesproprement
dits forment un des rameaux
↑En
revanche, les types Al[l]one[s] sont exclus de cette série par les
toponymistes et les linguistes, puisqu'ils remontent à un typeAlaunabien
attesté, probable dérivé en*-mno-(suffixe
d'agent en celtique) d'une racine indo-européenne*alinXavier
Delamarre,Dictionnaire
de la langue gauloise, éditions errance 2003, p. 37. ;Ernest
Nègre,Toponymie générale
de la France(lire en
ligne) [archive]et
Albert Dauzat et Charles Rostaing,Op.
cit.p. 12a.
↑Les
types toponymiquesAllainvilleetAlaincourtsont
également exclus de cette série par la plupart des toponymistes : ils
sont composés avec un nom de personne germaniqueAllin[us]in
Albert Dauzat et Charles Rostaing,Op.
cit., p. 8a. et Ernest Nègre,Op.
cit., p. 923.
↑selonIaroslav
Lebedynsky,Les
peuples nomades de la steppe des origines aux invasions mongolesixe siècleav. J.-C.–xiiie siècle
apr. J.-C.(Errance
- Paris - 2003).
↑Nathalie
Kálnoky : Des princesscythesaux
capitaines des Iasses : Présence iranienne dans les chroniques
médiévales et des privilèges des peuples auxiliaires militaires,
L'Harmattan, Paris, 2006 Titre de la Revue : Droit et cultures [cote
INIST : 24217], no 52.
↑(hu)Ildikó
KatalinPap,« A
jászok »(version
du 12 mars 2005 sur l'Internet
Archive), JATE BTK Országos
Tudományos Diákköri Konferencia 1999 (« Faculté des sciences humaines de
l'université
Attila József, conférence (biannuelle) nationale des cercles
étudiants scientifiques 1999 »).
Les Alains forment un peuple scythique, probablement originaire d’Ossétie,
les Alains (latin [H] Alani - grec Alanoi) sont des cavaliers nomades
apparentés aux Sarmates du Kirghizstan et très proches des Iazyges, des
Roxolans et des Taïfales.
Origine
Leur première mention est due à l’historien antique juif
Flavius Josèphe durant le Ier siècle de l’ère chrétienne : ce dernier nous
apprend que « ... les Alains sont une tribu de Scythes, habitant aux bords
du Tanaïs et du marais de la Méotide... », c’est-à-dire entre le Don et la
mer d’Azov.
À cette époque, les Alains apparaissent aux abords de la Perse où leurs
incursions sont l’une des causes de la chute des Parthes. Les Sassanides qui
succèdent à ces derniers établissent en 226 un empire durable, refoulant les
Alains aux confins du Don, de l’Oural et du Caucase ; les Alains y fondent
alors un semblant de royaume éphémère.
En 375, date du commencement des « Grandes invasions », une partie d’entre
eux prennent la fuite devant les Huns de Balamber et se retrouvent en
Germanie.
Les Alains en Gaule
Ces Alains franchissent plus tard le Rhin gelé (?) près de
Mayence durant la nuit de la Saint-Sylvestre 406/07, accompagnés
principalement de Quades (ces derniers sont pendant longtemps confondus à
tort avec les Suèves en raison d’une mauvaise traduction de « Souabes »), et
des Vandales Hasdings et Sillings, conduits par deux rois différents.
D’abord alliés aux tribus vandales et aux Quades, et emmenés par leur chef
Goar, les clans alains (autour de 50.000 individus ?) participent à
l’écrasement des mercenaires francs conduits par le duc de Mayence. Les
Alains sauvent également les Vandales, qui viennent de perdre leur roi, d’un
énorme massacre ; aux côtés des autres envahisseurs germaniques, ils
dévastent la Gaule romaine de 407 à 409 : Worms, Mayence, Strasbourg,
Tournai, Arras, Amiens, Reims tombent et sont mis à sac. Paris, Orléans,
Tours sont menacés.
Puis, ils franchissent la Loire en 408 (incendiant au passage le fort
gallo-romain de Meung-sur-Loire). Cependant, au contraire de leurs
compagnons d’armes, les Alains se divisent en plusieurs bandes armées, en
plusieurs clans, plusieurs historiens établissant un nombre d’environ 3 000
individus par clan.
Une partie d’entre eux, toujours menée par Goar, obtient un traité (fœdus)
avec l’Empire romain : Aetius leur permet de s’installer sur la Loire,
autour d’Orléans, mais les Alains, turbulents, sont très mal perçus par les
autochtones. Un jour, estimant ne pas être payés assez vite ou suffisamment,
des Alains n’hésitent pas à tuer des sénateurs d’Orléans.
Les Alains parcourent en tous sens la péninsule d’ Armorique qu’Aetius leur
avait abandonnée pour épargner les autres parties de la Gaule.
En 445-448, des Alains placés sous l’autorité d’un certain Eochar répriment
la révolte des bagaudes d’Armorique pour le compte de Rome : il s’agit
probablement des Alains de Goar.
En 451, alors que leur chef est désormais Sangiban, ces mêmes Alains forment
le centre du dispositif militaire mis en place contre les forces d’Attila
aux Champs catalauniques (Campus mauriacus en latin) près de Moirey, dans la
région de Troyes : ce rôle est principalement dû aux mérites de la cavalerie
lourde alaine (les cataphractes, véritables « chars d’assaut » de
l’antiquité).
Auparavant, nous savons aussi que des clans Alains, menés par leur chef
Sambida, se fixent sur le Rhône autour de Valence, où ils sont aussi
difficiles à vivre d’ailleurs, que leurs cousins de la Loire.
Les Alains en Hispanie
Enfin, en 409, une partie des Alains, conduite par
Respendial, suit encore les
Vandales et les Quades jusqu’en Hispanie. Là, ils errent sur les plateaux du
centre de la péninsule ibérique, dans la région du Tage. Une des deux tribus
vandales et les Quades s’établissent en Galice tandis que des Alains
s’établissent surtout en Lusitanie. Ils en sont brutalement délogés en 418
par les Wisigoths, qui les massacrent.
Leur périple avec les Vandales se poursuit alors jusqu’en Andalousie et les
clans alains d’Hispanie, très diminués par les attaques des Wisigoths, se
placent sous l’autorité des Vandales unifiés : en 428, le roi vandale
Genséric prend le titre de « roi
des Vandaleset des Alains »
et emmène en 429, les 80 000 Barbares qui le suivent en Afrique du nord.
L’histoire des Alains s’y confond dès lors avec celle du « royaume de
Carthage » : fondé en 439 dans la partie N. -E. de la Tunisie actuelle et
dans l’Est de l’Algérie, cet « État » est détruit par les troupes byzantines
en 533/34, lors de l’éphémère reconquête byzantine de l’Afrique.
Par la suite, l’ensemble des clans alains, moins nombreux que les autres
peuples barbares, se sont naturellement et progressivement intégrés aux
peuples voisins, quand ils ne sont pas tout simplement exterminés par
d’autres peuples plus puissants (les Wisigoths notamment).
À l’est, leurs lointains cousins,
après avoir survécu aux massacres des Mongols ou des Tatars de Tamerlan au
XIIIe / XIVe siècle, et après avoir assimilé d’autres éléments
caucasophones, vivent encore actuellement dans le Caucase sous le
nom d’Ossètes. Ces derniers sont majoritairement de religion
orthodoxe, avec une importante minorité musulmane.
Sur le plan culturel, seuls les Alains des Ier - VIe siècles sont des
cavaliers nomades ou semi-nomades. Il est impossible de distinguer des
éléments proprement alains en Afrique.
Témoignages de la présence des Alains en Gaule
Comme pour la plupart des peuples barbares en migration
(hormis les Goths en Espagne), les Alains n’ont laissé que très peu de
traces de leur présence sur le sol gaulois, hispanique, et africain.
Les « Alains de la Loire », présents autour d’Orléans, ont pu laisser, en
guise d’héritage, leur ethnonyme à l’origine du nom d’une centaine de
localités : Allaines, Allainville, Alaincourt, etc.
En Normandie, dans le Calvados, la présence alaine est peut-être mieux
attestée par un important mobilier funéraire daté du début du Ve siècle : le
« Trésor d’Airan ». Mais peut-être ne s’agit-t-il que d’un groupe de lètes
sarmates.
Trouvé par hasard à Moult en 1876, ce trésor contient un certain nombre de
pièces d’orfèvrerie polychrome attribuées soit aux Alains, soit aux Huns. La
tombe, située à proximité de deux camps romains faisant partie de la ligne
de défense dressée contre les pirates frisons et saxons, peut être celle
d’une princesse barbare qui a accompagné là son époux, quant à lui fédéré de
Rome. Néanmoins, la présence d’éléments germaniques orientaux (fibule,
chaîne) et romains (plaque-boucle de ceinture) aux côtés des éléments
alano-sarmates rend l’origine ethnique de cette femme impossible à
déterminer.
Le patronyme « Al(l)ain », dans lequel il faut peut-être chercher l’origine
du prénom « Alain », à l’origine très populaire en Bretagne et utilisé en
Armorique dès le VIe siècle, peut encore venir du nom de cette peuplade
barbare ; cependant, une étymologie celtique, plus plausible, est aussi
suggérée pour ce prénom.
L’une des rares traces de leur passage et de leur éphémère présences en
Occident se trouve également en Espagne, où les Alains sont à l’origine
d’une race de chiens robustes importés par ces derniers, race qui a gardé
leur nom : les Alanos Espanol.
Leur présence dans l’empire grec
Les Alains apparaissent aussi en tant que mercenaires ou
auxiliaires de l’empereur byzantin Andronic II Paléologue, au début du XIVe
siècle, comme le signale l’historien catalan Ramon Muntaner lorsqu’il relate
l’expédition des Almogavres en Orient. C’est leur chef Georges Gircon qui
assassinera le chef des Almogavres, Roger de Flor, César de l’Empire, le 4
avril 1305, à Andrinople, obéissant aux ordres de Michel IX, le fils de
l’Empereur. Ces Alains furent défaits plus tard, en 1306, par les Almogavres
et Gircon fut tué et décapité. Il semble que Gircon ne portait guère Roger
de Flor dans son cœur, car à la suite d’une querelle entre les hommes de la
Compagnie et des Alains, son fils trouva la mort, ce qui fut source d’une
haine qui n’allait être assouvie qu’avec la mort du César.
Langue
La langue originelle des Alains doit être un parler iranien
nord-oriental de type caucasien (selon G. Dumézil), probablement semblable à
celui des Sarmates. Elle évolue par la suite chez leurs descendants du
Caucase au Moyen Âge pour devenir quasiment identique à l’ossète actuel.
Civilisation
L’historien-soldat romain Ammien Marcellin, témoin oculaire
qui mêle ses observations aux rumeurs (?) qu’il a entendues sur les
Barbares, apporte quelques informations sur les Alains du nord du Caucase,
informations qui doivent être abordées avec circonspection
Il décrit leur apparence physique : les Alains sont de petite taille mais
robustes, ont les cheveux modérément blonds, le regard martial et sont plus
civilisés dans leur manière de s’habiller et de se nourrir que les Huns.
Sur le plan des mœurs, selon lui, les Alains sont belliqueux et courageux :
leur férocité et la rapidité de leurs attaques n’ont rien à envier à celles
des Huns. Ils ignorent l’esclavage et méprisent les faibles et les
vieillards. Ils méprisent les vieillards car pour eux (comme pour de
nombreux autres peuples barbares), c’est un honneur de mourir au combat,
mais un déshonneur de mourir de vieillesse.
Pour ce qui est de leur mode de vie, les Alains ignorent le travail de la
terre et utilisent des chariots couverts d’écorce en guise de maisons.
Ammien Marcellin leur prête encore la coutume de scalper leurs adversaires
et d’en attacher les cheveux à leur monture. Ils rendent aussi un culte à
une divinité de la guerre (identifiée à Mars) grâce à une simple épée fichée
en terre et servant d’autel (le culte d’une épée « magique » est par
ailleurs prêté aux Huns).
Il faut noter que ces informations correspondent trait pour trait aux
légendes traditionnellement attachées aux peuples de cavaliers des steppes
par leurs voisins sédentaires : Ammien Marcellin écrit même qu’on lui a
rapporté que certains Alains orientaux seraient anthropophages.
Les sources archéologiques, quant à elles, indiquent l’existence chez les
Alains d’une ou plusieurs divinités du feu et du soleil.
L’art décoratif des Alains est essentiellement animalier : semblable à celui
des Saces jusqu’au IIe siècle, il fait la part belle aux décors polychromes
cloisonnés aux IIIe et IVe siècles. Ces décors se généralisent en Occident
au moment des grandes invasions (IVe - VIe siècles), notamment par le relais
des peuples germaniques orientaux, nombreux à adopter des motifs scythiques
de l’art des steppes (Goths, Burgondes, Vandales).
Par la suite, de nombreux éléments culturels sarmato-alains se retrouvent
chez les Ossètes, jusqu’au XIVe siècle.
Selon Georges Dumézil, les Ossètes actuels sont, linguistiquement et
culturellement, les descendants les plus caractérisés des Alains. Leurs
légendes (cycle des Nartes) présentent des ressemblances intéressantes avec
celles de l’aire indo-européenne et notamment celtique (légende
arthurienne).
Les Alains
Peuple apparenté auxScythesou
auxSarmates,
et dont le nom apparaît pour la première fois dansl'Histoire
naturelle, dePline:
elle habitait alors sur les rivages de la mer d'Azov (palus Maestis),
et s'étendait jusqu'au Caucase.
On la voit aux prises en 78 avec lesParthes,
en 468 avec lesRomains.Ammien
Marcellin, qui en parle au IVesiècle,
nous montre qu'ils n'avaient pas encore changé de pays ils formaient,
d'après lui,populosas gentes
et amplas, étaient répartis entre l'Europeet
l'Asie,per
utramque mundi partem:
« Presque
tous les Alains », dit-il, « sont beaux, légèrement blonds... L'homme
heureux, chez eux, est celui qui meurt en combattant [...]. Il n'y a rien
dont ils ne se vantent comme d'avoir tué un homme : les dépouilles
glorieuses, ce sont les peaux des crânes de leurs victimes, qu'ils
suspendent, en guise de phalères, au poitrail de leurs chevaux de guerre
[...]. Chez eux, point de temple: leur dieu, c'est un glaive nu, qu'ils
plantent en terre [...]. Ils ignorent l'esclavage, étant tous de naissance
noble. Ils se choisissent des juges, même encore aujourd'hui, et ils
prennent pour tels les plus vieux et les plus éprouvés de leurs guerriers.
»
Ala fin du IVesiècle,
sous la poussée desHuns,
les Alains abandonnèrent leur antique berceau. Vers 383, une partie reçoit
des terres de l'empire. Vers 387, un autre groupe, uni aux Huns, menace
l'Helvétie. En 406, ils franchissent le Rhin et font partie de la grande
invasion qui dévaste la Gauleet
l'Espagne,
s'unissent auxVandaleset
passent avec eux en Afrique;
d'autres combattent avecAttilacontre
lesFrancset
lesRomains;
d'autres encore envahissent l'Italieau
temps deMajorienet
deRicimer.
Après le Vesiècle,
il n'est plus question d'eux.
Un corps d'Alains servait
dans l'empire romain,
en Occident, sous le nom decomites Alani(Notice
des dignités d'Occident, ch. V et VI).(C.
Jullian).
Ils apparaissent au premier siècle de notre ère en Europe,
surgissant du Turkestan et se dirigeant vers le sud du
Caucase où ils affrontent avec succès le faible Empire des
Parthes. Toutefois, lorsqu'un coup d'état interne fait
succomber la dynastie Parthe au profit de la dynastie
Sassanide en 226, un nouvel Empire perse particulièrement
fort, centralisé et puissant s'établit, capable de résister
et repousser toutes nouvelles incursions alaines.
C'est pourquoi les Alains, ne pouvant plus opérer des raids,
reprennent leurs migrations en direction de l'ouest pour
créer un véritable royaume Alain entre le Caucase, l'Oural
et le fleuve Don.
Mais l'arrivée des Huns au IVème siècle et la destruction de
leur royaume en 375 par ces derniers les pousse à fuir, sous
leur roi Safrac, vers l'Empire romain avec les Wisigoths et
Ostrogoths. Ils ne s'arrêtent pas sur le cours inférieur du
Danube mais poursuivent leur route vers l'ouest en ordre
dispersé et isolé jusqu'au cours moyen du Rhin.
Là, près de 50 000 Alains participent activement, sous la
direction du roi Goar, à son franchissement le 31 décembre
406, date symbolique du début des "Grandes Invasions".
Dans un premier temps, les colons francs installés dans
l'Empire et dirigés par le duc de Mayence parviennent à
contenir les Vandales mais les Alains du roi Goar les
écrasent et emportent les villes de Strasbourg, Mayence,
Worms, Tournai, Reims, Amiens et Arras.
Par la suite, les Alains suivent les Vandales et
franchissent la Loire en 408.
Toutefois, les Alains n'agissent pas avec une unité parfaite
mais se caractérisent au contraire par des actions
désordonnées, isolées et parfois contradictoires.
les Alains se divisent en plusieurs bandes armées, en
plusieurs clans, plusieurs historiens établissant un nombre
d’environ 3 000 individus par clan.
Une partie des tribus alaines, sous le roi Goar, accepte de
se soumettre à l'autorité des romains et obtiennent un
traité (fœdus), Aetius leur permet de s’installer sur la
Loire, autour d’Orléans.
Une autre partie des tribus alaines, sous le roi Sambida,
s'installe le long du Rhône.
En 445-448, des Alains placés sous l’autorité d’un certain
Eochar répriment la révolte des bagaudes d’Armorique pour le
compte de Rome.
Presque tous les Alains sont des hommes d'une haute taille
et de beauté; leurs cheveux est un peu jaune, leurs yeux
sont terriblement féroce.
mais précisera qu'ils étaient :un
peu comme les Huns, mais dans leur mode de vie et leurs
habitudes, ils sont moins sauvage.
Une dernière partie, sous le roi Respendial, s'allie avec
les Vandales et les suivent vers la péninsule ibérique en
409. De là, elle s'installe en Galice et crée un royaume qui
fut finalement détruit par les Wisigoths en 418. A partir de
cette date, le groupe en Ibérie (Espagne) se divise. Une
partie des tribus alaines de la péninsule ibérique suivent
les Vandales vers l'Andalousie puis en Afrique du Nord,
l'autre partie reste dans la péninsule.
Notons simplement. Lorsqu'en 451 Attila envahit la Gaule,
les Alains présents en Gaule, se souvenant de la destruction
de leur royaume par les Huns, font preuve, sous le roi
Sangiban, successeur de Goar, d'une résistance qui contraint
Attila de mettre le siège à Orléans.
Les troupes de Sangiban participeront également aux côtés
d’Aetius à labataille
des ‘champs Catalaunique’.
Par la suite, toutes les tribus Alaines s'amalgamèrent puis
fusionnèrent avec les divers peuples qu'ils avaient suivis
ou conquis à savoir avec les Vandales, les Wisigoths ou les
Francs.
Remarque : certains spécialistes considèrent les Alains
comme une des grandes tribus appartenant au peuple des
Sarmates
La partie des Alains qui restèrent dans le nord du Caucase
commenceront lentement à se sédentariser. Une partie d’entre
eux seront les alliés de Byzance, d’autres, plus orientaux,
se rapprocherons des Perses Sassanides. Ils jouèrent un rôle
dans les conflits entre ses deux puissances.
Vers 916 ap J-C, les Alains caucasiens édifierons un grand
royaume chrétien.
Au VIIIème et Xème siècle, ils seront les principaux
axillaires militaires desKhazars.
Vers 1230, ils sont durement touchés par l’arrivée des
Mongols. De nombreuses tribus n'auront d’autre choix que de
fuir vers l’ouest. Néanmoins, une unité d’élite alaine sera
intégré dans la garde du Khan. On retrouvera ce contingent
en Chine.
Une population alaine (asses) existe toujours aujourd’hui en
Mongolie.
Notons également que de nos jours, le peuple des Alains
existe encore au nord du Caucase puisqu'un peuple vivant , à
savoir lesOssètes,
leur est indéniablement apparenté.
- Leur présence dans l’empire byzantin :
Au début du XIVème siècle, les Alains apparaissent en tant
que mercenaires ou auxiliaires de l’empereur byzantin,
Andronic II Paléologue.
Comme le signale l’historien catalan Ramon Muntaner
lorsqu’il relate l’expédition des Almogavres en Orient, le
chef alain, Georges Gircon, débarrasse l’empire du chef des
Almogavres,Roger
de Flor, le 4 avril 1305, à Andrinople, obéissant
aux ordres de Michel IX, le fils du basileus.
Ces Alains sont défaits plus tard, en 1306, par les
Almogavres, et Gircon est tué et décapité.
- Leur présence en Hongrie et en Moldavie :
Sous les noms de Iasses, Iazyges, Jasons, Jasones, Jassics,
Jászok et Iaşi, les Alains apparaissent aussi au XIVème
siècle comme mercenaires dans la Hongrie médiévale (où des
comtés leur sont octroyés par le roi à l'est de Buda:
Jászság, autour de Berényszálás) et dans la principauté de
Moldavie.
Ils y sont rapidement assimilés aux populations locales et
se fondent parmi les Magyars et les Roumains.
- Leur présence en Mongolie et en Chine :
Après l'invasion mongole de la Russie, certaines communautés
alaines résistent à la Horde d'Or mais une partie des Alains
se soumettent à l'empire mongol.
Il est fort possible qu'ils aident leurs nouveaux maîtres à
lutter contre les Circassiens et qu'ils participent à
l'invasion mongole de l'Europe.
Des troupes alaines sont incorporées dans l'armée mongole et
même dans la garde du « Grand Khan ». Elles suivent son
armée jusqu'en Extrême-Orient.
Sous le règne deMöngke
Khan, ils se battent contre les Song (Chine du
Sud).
Ces Alains continuent de jouer un rôle dans la conquête de
la Chine parKhubilai
khan.
Après le couronnement de Khubilai Khan, les Alains
participent à la campagne contreAriq
Bökeet
plus tard, contreQaïdu.
Au début du XIVème siècle, l'armée mongole compte environ 30
000 Alains, probablement installés à proximité de Pékin.
Cette communauté (si on y ajoute les familles des soldats)
relativement nombreuse, conserve la religion chrétienne (une
ambassade est envoyée par eux en 1336 au pape Benoît XII en
Avignon).
En 1368, à la suite du renversement de laDynastie
Yuan, les Alains suivent le repli des Mongols
vers l'Asie Centrale, où, là encore, ils se fondent
progressivement dans la population.
Ils restent influents en Mongolie jusqu'au XVème siècle,
lorsque lesOïratsconquièrent
la Mongolie.
- Leur présence à la Horde d'Or :
Comme expliqué plus haut, ils sont durement touchés par
l’arrivée des Mongols, vers 1230.
De nombreux Alains fuient vers l'ouest. Un groupe suivra les
Kiptchaqs deKöten
Khanjusqu'en
Hongrie.
D'autres se réfugient dans les montagnes du Caucase et
seront toujours une source de préoccupation pour les
Mongols.
Des Alains seront intégrés dans la garde du Khan, on les
retrouvera en Chine.
Néanmoins, de nombreux Alains resteront installé sur le
territoire de la « Horde d'Or ».
Pour preuve, un quartier « asse » existait àSaraïet
des Alains serviront dans les armées des khans de la « Horde
d'Or » (au moins jusqu’à labataille
de Koulikovoen
1380).
Pour rappel, Le premier contact entre les Alains et les
Mongols gengiskanides se situe en 1222, dans le Caucase et
est une conséquence presque fortuite de leur conquête duKhârezm,
le grand État musulman turco-iranien d'Asie centrale (voir
laGrande
chevauchée de Subotaï).
Ces Alains, qu'Ibn al-Athîr (un historien arabe sunnite né
en 1160 à Cizre et mort en 1233 à Mossoul) décrit comme un
'peuple nombreux', s'assurèrent du soutien desKiptchaqs(ou
Coumans) et tentèrent d'arrêter les Mongols.
La première bataille entre les Mongols et les Alains alliés
aux Kiptchaqs fut indécise.
En effet, les Alains devaient représenter un formidable
adversaire pour ce corps expéditionnaire mongol certes
nombreux, mais coupé de ses bases et qui combattait sans
interruption depuis des années.
Les Mongols eurent alors recours à la ruse (ou à leur
diplomatie).
ils prirent langue avec les Kiptchaqs et, selon Ibn
al-Athîr, leur tinrent ce discours :
« Nous sommes de la même race que vous, mais ces Alains ne
sont pas des vôtres, et vous n'avez pas de raison de les
aider, votre foi n'est pas semblable à leur foi ; et nous
jurons que nous ne vous attaquerons pas, mais que nous vous
apporterons de l'argent et des vêtements, autant que vous en
voudrez. Laissez-nous seuls avec eux »
Les Mongols devaient effectivement traîner un riche butin
depuis leur campagne au Khârezm et certainement de quoi
acheter quelques chefs kiptchaqs.
Les arguments ethniques et religieux qu'ils avançaient sont
également intéressants à analyser. Ils démontrent par
exemple que les Kiptchaqs devaient être, à cette époque,
majoritairement païens face aux Alains chrétiens
Leur culte typiquement altaïque du Tangri, le ciel bleu
divinisé, pouvait les rapprocher des Mongols.
L'allusion à la 'race' est également intéressante.
Certains Kiptchaqs pouvaient présenter des traits
asiatiques, on sait aussi qu'il parlaient une langue turque
et que de nombreux Turcophones composaient les armées
mongoles.
On sait aussi que les Kiptchaqs gardaient encore une culture
dite 'cavalière et nomade' proche des Mongols et que les
Alains, sédentaires depuis longtemps, avaient perdue.
Quoi qu'il en soit, les Kiptchaqs furent séduit et
abandonnèrent leurs alliés.
Seuls face aux Mongols, les Alains furent battus.
Puis, les Mongols se retournèrent contre les Kiptchaqs et
les écrasèrent à leur tour (1222).
La seconde fois que les Mongols font face aux Alains se
situe lors de la 'campagne' militaire de 1235.
En effet, en 1235, le khanOgodaï,
qui avait succédé à son père, Gengis-Khan, décide d'achever
la « conquête du monde » et lance une formidable armée à la
conquête de l'Europe.
Les Mongols s'emparent, entre 1236 et 1241, de toute
l'Europe orientale, où ils furent d'emblée désignés par le
nom de 'Tatars'.
On note la présence d'Alains sur la Volga. Il s'agissait
apparemment d'un groupe lié aux Kiptchaqs, comme ceux
signalés au XIème siècle sur le Don.
Peut-être des descendants d'Alains que lesKhazarsavaient
pu installer dans la région.
En 1237, les Mongols attaquent les principautés de Ruthènes
septentrionale (l'actuelle Russie avec les villes de Riazan,
Kolomna, Moscou, Vladimir, Rostov...). La même année, ils
battent les Tcherkesses du Caucase du Nord-Ouest.
En 1238, ils infligent une nouvelle défaite aux Kiptchaqs.
En 1239-40, c'est le tour de la Ruthénie méridionale,
l'actuelle Ukraine.
La conquête de l'Alanie caucasienne s'intercale
chronologiquement entre les campagne militaires de la
Ruthénie septentrionale et de la Ruthénie méridionale.
A l'automne 1238, une nombreuse armée mongole, sous les
ordres deMöngke
Khan,GüyüketQada'an,
fut dépêchée vers l'Alanie. Elle est équipée de machines de
siège et donc préparée à attaquer des villes.
On connaît quelques détails des opérations par les
historiens persans,Rachîd
ad-DînetAta-Malek
Jovayniainsi
que par des sources sino-mongoles. Malheureusement, les
chronologies qu'ils donnent ne concordent pas toujours et
Ata-Malek Jovayni paraît peu fiable sur certains points.
Il semblerait que durant l'hiver de 1238-39 ou de 1239-40
(la première date est jugée plus probable par une majorité
d'historiens), les Mongols s'emparent d'une grande ville (la
'ville des Asses').
Malheureusement et même si les différents noms cités font
penser à Magas, capitale de l'Alanie, cette ville n'est pas
identifiée avec certitude.
Le siège aurait été conduit sur une grande échelle, avec
percement d'une voie où pouvaient passer trois ou quatre
chariots de front et usage intensif des machines
balistiques.
L'historien Ata-Malek Jovayni ajoute:
« rien ne demeura de la cité que les insectes qui lui ont
donné son nom »
La seule source émanant directement des conquérants
(l'Histoire secrète des Mongols) dit qu'après avoir franchi
la Volga et l'Oural, ceux-ci détruisirent Meget,
massacrèrent les Ruthènes et pillèrent tout jusqu'à ce qu'il
ne restât que miettes. Ils soumirent les Alains, les Sasud,
les Bulgares, les habitants de Kiev..
Un autre point très intéressant, signalé dans l'Histoire des
Yuan (le Yuan shi),est la participation d'Alains au siège de
la ville.
L'un d'eux, du nom de Mataersa, commandait même
l'avant-garde des assiégeants. Ses frères Baduer et Wuzuoer
Buhan s'étaient également ralliés aux Mongols.
Ce détail nous indique que les Alains, à cette époque,
étaient divisés en plusieurs micro-royaumes et qu'ils
devaient être en état d'hostilité permanente entre eux.
Les Mongols, qui étaient passés maîtres dans l'art de
diviser leurs adversaires, avaient probablement réussi a
rallier à leur cause quelques chefs alains qui virent une
occasion inespérée de régler leurs comptes avec leurs
compatriotes.
Les Alains dans la Horde d'Or :
Après la phase initiale de la conquête, l'établissement d'un
pouvoir mongol effectif en Alanie semble avoir été long et
incomplet.
La partie montagneuse du pays était difficile d'accès pour
des formations de cavalerie habituées à manœuvrer dans la
steppe. Mais même en plaine, des groupes d'Alains
résistaient ou se soulevaient.
En 1246,Jean
de Plan Carpinsignale
qu'une partie des Alains est encore insoumise et prétend que
les Mongols assiègent vainement, depuis vingt ans, une
certaine montagne d'Alanie.
Guillaume de Rubruck, ambassadeur de saint Louis
auprès de Möngke khan en 1253-54, mentionne à plusieurs
reprises la résistance des Alains. C'est d'abord à propos du
Caucase :
'Nous avions au sud de très grandes montagnes où habitent,
sur les flancs orientés vers cette région déserte, les
Cherkis (Tcherkesses) et les Alains (ou Aas), qui sont
chrétiens et combattent encore contre les Tartares
(Mongols). Les Alains, dans ces montagnes, continuent à
résister aux Tartares'.
AussiSartachétait-il
obligé d'envoyer deux hommes sur dix garder les issues des
monts pour empêcher les Alains de sortir de leurs montagnes,
et d'enlever les troupeaux dans la plaine.
Mais d'autres Alains,appuyaient les Mongols :
«Avant d'arriver à la Porte de Ver, nous trouvâmes un bourg
fortifié des Alains qui appartenait à Mangou-Chan (Möngke
khan) ».
Dans la steppe aussi, des Alains se livraient à la guérilla
et au brigandage:
« Des Ruthènes, des Hongrois et des Alains qui sont leurs
esclaves (des Mongols) et se trouvent en très grand nombre
parmi eux, se mettent à vingt ou trente et s'échappent la
nuit avec arc et carquois et tuent tous ceux qu'ils
rencontrent la nuit. Le jour, ils se cachent, et, quand
leurs chevaux sont fatigués, ils viennent de nuit se servir
parmi les nombreux chevaux à la pâture, ils échangent les
leurs contre des chevaux frais, et en emmènent un ou deux
pour les manger quand ils ont faim. Notre guide craignait
fort une telle rencontre... ».
Ce phénomène de brigandage se réfèrent à la région entre le
on et la Volga. Ces groupes de guerriers libres évoquent
déjà les premiers "cosaques" qui apparaîtront dans les
steppes deux siècles plus tard.
Vingt ans plus tard, encore, d'après le manuscrit Siméonov,
les Mongols eurent recours à une armée ruthène pour
s'emparer le 8 février 1278 de la glorieuse ville iasse de
Dédéïakov (Tioutiakov)
La ville n'est pas identifiée précisément, mais elle se
trouvait dans la région du Térek, au-delà des hautes
montagnes iasses et tcherkesses, près des Portes de Fer
Son nom, même sous la forme slavisée qui nous a été
transmise, indique qu'il s'agirait bien d'une agglomération
alaine (kov = qaw en ossète qui se traduit par village) on
l'a même rapproché de Dzàuidzyqaw (actuellement
Vladikavkaz,capitale de la république
d'Ossétie-du-Nord-Alanie, en Russie).
Ce qui est important à retenir, c'est la date de cet
événement, c'est çà dire quarante ans après le début de la
conquête mongole.
Ce serait la dernière évocation d'une résistance ouverte des
Alains, mais il fort possible que les Mongols n'aient jamais
pu contrôler réellement certaines zones montagneuses du
Caucase.
A la fin du XIIIème siècle, 10000 Mongols étaient encore
cantonnés dans le 'pays des Asses'
On est peu renseigné sur la vie intérieure de l'Alanie au
sein de la Horde d'Or.
Il est certain que les ravages dus à l'invasion de 1238-40,
puis aux guerres avecl'Ilkhanat(Mongols
d'Iran), provoquèrent une certaine dépopulation et
poussèrent une partie des Alains à se replier vers les
régions montagneuses et en particulier dans la haute
Ossétie.
Néanmoins, il subsistait une population alaine dans les
zones de plaine et de piémont, et les villes continuaient à
vivre.
Les styles alains et bulgares ont exercé une certaine
influence sur la céramique de la Horde d'Or aux XIIIème et
XIVème siècles, notamment dans les motifs ornementaux.
Les "occupants" étaient nombreux surtout aux points
stratégiques, comme à Verkhniï Djoulat où une forte garnison
fut installée après le raid ilkhanide de 1324-25.
Le reste du pays était toujours administré par des roitelets
alains vassaux du khan.
Il y pesait le même "joug tatar" que sur la Ruthénie :
- Une lourde fiscalité (la population fut recensée en 1254
dans ce but, d'après les chroniques arméniennes et
géorgiennes).
- Le trafic d'esclaves.
- L'obligation de fournir des troupes à l'armée du khan.
En 1380, à labataille
de Koulikovo, l'armée de la Horde d'Or, battue
par Dimitri Donskoï, comprenait encore un contingent 'asse'
(Alains).
Cette obligation militaire pouvait être extrêmement
contraignante : dans la Géorgie voisine, 20 % des hommes
étaient ainsi mobilisés.
Des Alains s'établirent en différents points du territoire
de la Horde d'Or, non seulement comme captifs, mais aussi
comme fonctionnaires ou responsables militaires.
Dès 1246, Jean de Plan Carpin avait ainsi eu maille à partir
avec un Alain nommé Michée, préfet de Kaniv, une localité
voisine de Kiev.
Le chef mongolNogaïinstalla
probablement, dans les années 1290, de nombreux Alains en
Ukraine du Sud-Ouest, entre le Dniestr et le Prout.
En 1276, l'évêque Théognoste deSaraï,
capitale de la Horde d'Or sur la Volga, signalait l'arrivée
d'Alains dans son éparchie ( une éparchie est un 'diocèse
nomade' responsable des Tatars chrétiens dans les steppes
russes).
En 1333, à Saraï, capitale de la Horde d'Or,Ibn
Battoûtasignale
des Asses musulmans, qui disposaient, comme les autres
ethnies présentes, leur propre quartier dans la ville.
Ethnoblogie/ethnohistoire : les Alains
Voilà un peuple pas très très connu qui illustre bien
le fait que les peuples actuels sont plus proches qu’on
ne peut le penser. J’ai envie de parler de généalogie
ethnique (ce qui doit se faire mieux avec d’autres
mots), comme si tout le monde était cousin. Et vous
savez quoi ? Tout le monde est cousin.
Alors je vais raconter un peu les Alains, en gros je
digère l’article
Wikipedia.
Les
Alains sont un peuple Indo-Iranien de langue iranienne.
Ils parlent une langue qui ressemble à l’iranien.
D’ailleurs, ‘alain’ ou plutôt ‘alan’, ‘iron’, ‘iran’,
‘aryan’, sont des mots voisins qui veulent plus ou moins
dire ‘noble’. Ce sont des Caucasiens (un mot pratique
pour désigner les ‘Blancs’, mais c’est pas un nom de
race, d’ethnie, de peuple ou de langue : c’est un nom de
“type”). On imagine donc des guerriers à cheval du genre
Mèdes, Scythes ou Parthes, pas des Turco-mongols comme
Attila (Huns) ou Genghis Khan (Turco-Mongols qui eux
sont des asiatiques ; enfin... pour la plupart...).
Ils sont installés au début entre l’Aral à l’Est et la
Mer Noire à l’Ouest, en descendant jusqu’à la Grande
Arménie au Sud. En gros, ils sont dans le Caucase et au
Nord du Caucase, allant jusqu’au Kazakhstan et
l’Ouzbékistan. Ce sont les plus Orientaux des Sarmates,
cette confédération de cavaliers qu’on voit dansle
Roi Arthur.
Contrairement à ce qu’on peut penser, ils sont très
souvent blonds. Ils parlent une langue iranienne, mais
ils sont tous blonds ; comme d’ailleurs les Sarmates.
Les descendant des Sarmates se mélangeront avec d’autres
pour former le gros du peuple russe, donc on voit le
type physique que ça peut donner. En fait, les peuples
qui venaient de ce côté-là du monde, pendant les Grandes
Invasions et un peu avant, ne ressemblent pas aux
cavaliers des steppes genre Huns : les Goths venaient de
Scandinavie et ne faisaient que passer dans les plaines
ukrainiennes (et étaient pas trop cavaliers), et donc
ils étaient souvent blonds ou roux, et les Sarmates, qui
étaient autochtones, étaient souvent blonds. Les
Cosaques d’aujourd’hui, qu’ils soient russes (Cosaques
du Don) ou Ukrainiens (Cosaques Zaporogues) doivent
rappeler ce qu’étaient les Sarmates.
(Ilya Repin - La Réponse des Cosaques Zaporogues au
Sultan de Turquie)
Avec la poussée des Huns, la confédération Sarmate se
débande et les Alains se séparent en deux groupes : les
Orientaux restent dans le Caucase et sur la Mer Noire.
Les Occidentaux, eux, prennent part aux Grandes
Migrations : certains s’installent en Pannonie, d’autres
plus au Nord, dans l’Ouest de la Pologne actuelle,
certains poussent jusqu’en Gaule, où ils seront décisifs
pour stopper Attila aux Champs Catalauniques ; et
d’autres enfin accompagnent les Suèves et les Vandales
dans la Péninsule Ibérique, puis les Vandales dans le
Maghreb.
Ceux de Pologne se mélangent avec d’autres slaves qui
avaient migré un peu avant, et forment deux groupes qui
seront installés par les Byzantins en Pannonnie, où ils
retrouveront certains groupes alains : ces deux peuples
seront les Serbes et les Croates.
Ceux de Gaule formeront deux royaumes, un autour
d’Orléans, l’autre autour de Valence ; et certains
Alains seront installés en Armorique (actuelle Bretagne)
où ils donneront des noms comme Allainville ou le prénom
Alain, d’origine bretonne et nom dynastique en Bretagne,
dont un évêque de Quimper au VIè siècle et Saint Alain
au XVème siècle (le prénom pourrait être d’origine
celtique aussi, en fait).
De leur passage en Espagne, ils laisseront un chien au
Pays Basque, l’Alano
Español(alano
en italien signifie aujourd’hui ‘dogue’).
De leur passage plus bas, euh... comme les Vandales (qui
ont donné leur nom à une région d’Espagne qui
s’appelle... Andalousie... on invente rien, hein).
Ceux qui sont restés dans le Caucase donneront le peuple
Ossète (de leur nom grec, Aorsi) qui fonderont le
royaume d’Alanie au Moyen-Âge (détruit par Tamerlan, un
empereur Turco-Mongol) (Chagatai en fait)
(super-important ce type, mais personne connaît).
En Russie, ils se mélangeront aux locaux, avec les
Sarmates, pour donner le peuple Russe ; par exemple,
Sainte-Marie-l’Ossète sera la grand-mère d’Alexandre
Nevsky (vous savez, le gars qui... non, vous savez pas
?).
Donc et pour résumer, les Alains sont les ancêtres, en
partie (toujours en partie... rien ne se perd, rien ne
se crée) : des Ossètes (Caucase), des Russes, des
Ukrainiens, des Serbes, des Croates, des Français, des
Bretons et des Portugais, de quelques Hongrois (les
Jassiques), et, quelque part, un peu des Nord-Africains
(les Vandales furent expulsés de la Province romaine
d’Afrique après la reconquête byzantine, mais où
allèrent-ils ?).
Apparus au tournant de notre ère, les Alains furent le
dernier ensemble nomade de langue iranienne dans les
steppes européennes, après les Scythes et les
Sarmates.
Implantés principalement au nord de la mer d'Azov et
du Caucase, ils se firent connaître par leurs
incursions en territoire romain, en Arménie ou en
Perse. Les invasions hunniques les dispersèrent et en
firent, aux IVe-Ve siècles, des acteurs majeurs des
Grandes Invasions en Europe centrale et occidentale
(dont la Gaule où ils s'installent) et jusqu'en
Afrique du Nord. Mais le groupe principal des Alains,
replié vers la Ciscaucasie centrale, s'y sédentarisa
et y devint un facteur politique et militaire
essentiel dans les guerres entre Byzance et la Perse,
puis dans la résistance aux invasions arabes.
Convertie au christianisme vers 916, l'Alanie
caucasienne forma un puissant État marqué par
l'influence byzantine et qui connut son apogée aux
Xe-XIIe siècles. Une autre invasion, celle des
Mongols, dissémina aux XIIIe-XIVe siècles des Alains
de la Hongrie à la Chine. Mais leur noyau caucasien
survécut même aux ravages de Tamerlan, pour finalement
donner naissance au peuple ossète moderne.
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Les Alains
Cavaliers des steppes, seigneurs du Caucase Ier-XVe
siècles apr.J.-C.
Les Alains, cavaliers des steppes, seigneurs du Caucase.
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Apparus
au tournant de notre ère, les Alains furent le dernier
ensemble nomade de langue iranienne dans les steppes
européennes, après les Scythes et les Sarmates.
Les Alains
Cavaliers des steppes, seigneurs du Caucase Ier-XVe siècles apr.J.-C.